"Sur la base de l'évaluation de la situation et des recommandations sécuritaires, le ministère de l'Intérieur a pris la décision d'interdire tous les rassemblements annoncés pour le 6 octobre afin d'assurer la sécurité des citoyens et préserver l'ordre public et la paix" à Belgrade, indique un communiqué.

"Il ne s'agit pas d'un acte de capitulation devant certains qui pensent qu'ils peuvent mettre en question la tenue de rassemblements publics par leurs menaces (...), mais il a été estimé qu'en ce moment on risquait d'avoir des troubles sérieux de l'ordre public", poursuit le communiqué.

Le ministère a précisé que des matches du championnat national de football prévus le 6 octobre dans la capitale ont également été reportés pour les mêmes raisons.

Dans la matinée, le patriarche de l'influente Eglise orthodoxe serbe, Mgr Irinej, avait demandé à Ivica Dacic d'"interdire la Gay Pride, nom tragi-comique donné à ce qui est une parade de la honte".

Mgr Irinej a aussi demandé à M. Dacic "d'empêcher la tenue de la scandaleuse exposition de photographie de l'artiste suédoise Elisabeth Ohlson Wallin", dont l'inauguration était prévue mercredi dans la soirée à Belgrade.

Cette exposition, intitulée "Ecce homo", est constituée d'une série de photographies montrant Jésus en compagnie d'homosexuels, de transsexuels et de personnes atteintes du virus du sida.

"Cette exposition, qui est profondément outrageuse, est promue par les homosexuels et les organisateurs de la Gay Pride", a fait valoir Mgr Irinej.

La Gay Pride "jette une lourde ombre morale sur notre ville, sur notre culture chrétienne et sur la dignité de nos familles", a ajouté le patriarche.

Le ministère de l'Intérieur a, lui, indiqué qu'environ 2.000 policiers ont été mobilisés pour assurer la sécurité de l'inauguration de l'exposition controversée.

Dans la journée, l'ambassade de Suède à Belgrade avait annoncé dans un communiqué la présence vendredi et samedi dans la capitale serbe de la ministre suédoise chargée des Affaires européennes, Birgitta Ohlsson, et son intention de participer et de prendre la parole à la Gay Pride.

"Ma présence et mon discours à l'occasion de la Gay Pride à Belgrade sont un acte de solidarité", déclarait Mme Ohlsson citée dans le communiqué.

Les autorités serbes ont interdit en 2011 la Gay Pride, ainsi que plusieurs rassemblements contre celle-ci, pour les mêmes motifs.

En 2010, la Gay Pride avait été suivie de violents affrontements entre les forces de l'ordre et des groupes de la mouvance ultranationaliste, auxquels s'étaient joints des hooligans supporters de football. Plus de 150 personnes, notamment des membres des forces de l'ordre, avaient été blessées.

Les organisateurs de la Gay Pride ont annoncé jeudi qu'à la place du défilé qui aurait dû avoir lieu samedi, ils vont le même jour tenir un rassemblement "en salle" dans un immeuble du centre de Belgrade.

"Nous demandons aux autorités de dévoiler quel type de menace a justifié l'interdiction" de la marche, a dit Goran Miletic, l'un des organisateurs, assurant que les activistes entendaient organiser une Gay Pride l'année prochaine.

> L'UE "regrette" l'interdiction de la Gay Pride

L'Union européenne a "regretté" jeudi la décision des autorités serbes d'interdire, pour la deuxième année consécutive, la Gay Pride prévue samedi à Belgrade, dans un pays qui est candidat à l'UE.

Le commissaire européen chargé de l'Elargissement, Stefan Füle, "condamne l'intimidation, les menaces proférées par des organisations extrémistes en Serbie à l'encontre des organisateurs de cette Gay Pride" et exprimé le souhait que les auteurs de ces menaces soient traduits en justice.

"Nous sommes attachés aux valeurs inscrites dans la Charte des droits fondamentaux" des citoyens européens, a rappelé l union europeenne en soulignant que cette Charte défendait le principe de non-discrimination notamment pour des raisons d'orientation sexuelle.

(Source AFP)