
VIH / Sida
Les homosexuels toujours en tête des nouvelles contaminations
Malgré des progrès considérables dans la prise en charge thérapeutique du sida, quelque 30.000 personnes en France ignorent leur séropositivité et la maladie tend à se banaliser chez les jeunes et les contaminations se poursuivent chez les homosexuels.
E-llico.com / Santé / VIH
Les homosexuels toujours en tête des nouvelles contaminations
VIH / Sida
Mis en ligne le 30/11/2012
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"Il ne faut pas baisser la garde et se remobiliser", a déclaré vendredi matin la ministre de la Santé Marisol Touraine, avant d'annoncer un plus grand accès aux tests de dépistage rapide du sida et une campagne pour relancer l'usage du préservatif.
Les inquiétudes se fondent sur diverses études, publiées dans le Bulletin épidémiologique (BUH) à la veille de la journée mondiale contre le sida, dont l'une de l'Institut de veille sanitaire (InVs) qui montre que le sida est un risque de plus en plus éloigné des préoccupations de la population et plus particulièrement des 18-30 ans.
Qu'il s'agisse des modes de transmission (24% pensaient à tort en 2010 que le virus peut se transmettre par une piqûre de moustique contre 13% en 1994) ou des mesures de prévention, les connaissances des jeunes Français sont globalement en baisse.
C'est notamment le cas du préservatif dont l'efficacité n'est plus reconnue en 2010 que par 58% des personnes interrogées contre 72% en 1992 et dont l'utilisation est en baisse : seulement 34 % des hommes de 18 à 30 ans et 22% des jeunes femmes déclarent avoir utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel, contre 40% et 30% respectivement en 1994.
Autre sujet de préoccupation, quelque 30.000 personnes ignorent leur séropositivité, selon une estimation d'une équipe de l'Inserm, bien que le nombre de dépistages du VIH ait augmenté l'an dernier : 5,2 millions de sérologies ont été effectuées, soit 4% de plus qu'en 2010, selon l'InVs.
Parmi les populations les plus à risques figurent les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), dont près de 14% reconnaissent "ne jamais avoir réalisé de dépistage" au cours de leur vie, alors qu'ils représentaient 40% des nouvelles contaminations en France en 2011, un chiffre en hausse de 30% depuis 2003.
Les contaminations se poursuivent chez les homosexuels
Selon l'enquête Presse Gay réalisée en 2011, 38% déclaraient au moins une prise de risque dans les 12 derniers mois avec des partenaires masculins occasionnels de statut VIH inconnu contre 33% en 2004.
Même son de cloche dans l'enquête Prévagay de 2009 montrant que les HSH parisiens ont un risque 4 fois supérieur d'être infectés lorsqu'ils fréquentent des établissements gays, une fréquentation qui induit des "comportements à risques", comme les rapports non protégés.
L'ensemble des nouveaux cas découverts est en revanche stable depuis plusieurs années, estimé par l'InvS à quelque 6.100 personnes l'an dernier. Il inclut 40% d'hétérosexuels nés à l'étranger (principalement en Afrique subsaharienne), mais leur nombre est en baisse régulière depuis 2003, notamment chez les femmes.
Autre sujet de satisfaction, la première cause de décès des personnes infectées par le VIH n'est plus le sida et les maladies qui lui sont apparentées, comme c'était encore le cas en 2005, grâce au développement des traitements antirétroviraux.
Les cancers (toutes causes confondues) arrivent désormais en tête (33%), selon une étude financée par l'Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) en 2010 et portant sur 728 décès répertoriés par 90 établissements.
Les maladies cardiovasculaires progressent également, en raison d'un veillissement de la population séropositive, comme en témoigne une augmentation importante de l'âge médian au moment du décès (qui est passé de 41 ans en 2000 à 50 en 2010).
> Le cancer, première cause de décès des patients infectés par le VIH
Le cancer a dépassé le sida pour devenir la première cause de décès des patients infectés par le VIH en France en 2010, selon une étude rendue publique vendredi par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Selon l'étude réalisée par des chercheurs de l'Inserm, en collaboration avec divers sites hospitaliers et financée par l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), le sida ne représentait plus qu'un quart des causes de décès des patients infectés par le VIH en 2010 contre 47% en 2000 et 36% en 2005, grâce à l'efficacité des traitements antirétroviraux.
Les cancers (toutes causes confondues) ont en revanche régulièrement progressé dans les causes initiales de décès pour atteindre 33% en 2010. 22% de cancers sont sans lien direct avec le VIH (comme le cancer du poumon). Viennent s'y s'ajouter des cancers liés au sida comme les lymphomes et les cancers liés aux virus des hépatites virales comme les cancers du foie).
Les décès de cause cardiovasculaire ont également légèrement augmenté, passant de 7% en 2000 à 10% en 2010, probablement en lien avec le vieillissement de la population infectée par le VIH, plus exposée que la population générale aux facteurs de risque cardiovasculaire (tabagisme, alcoolisme, troubles lipidiques).
Parmi les autres causes de décès mentionnées par l'étude - qui porte sur 728 décès répertoriés par 90 centres hospitaliers -, figurent les atteintes hépatiques (11%), les infections non liées au sida (9%) et le suicide (5% contre 2% dans la population générale).
Autre résultat encourageant, l'étude fait état d'une augmentation de la durée de vie des patients, avec un âge médian au moment du décès (âge qui divise la population en deux groupes numériquement égaux) en augmentation de 9 ans au cours des dix dernières années (50 ans en 2010 contre 41 en 2000).
Selon le ministère de la Santé, 936 personnes (714 hommes et 222 femmes) sont décédées du VIH en France en 2010, contre 1.074 en 2008.
(Source AFP)