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Un acte d'égalité, affirme Christiane Taubira devant l'Assemblée nationale

Les députés ont entamé mardi après-midi leurs débats sur le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels, pour un marathon parlementaire qui s'annonce passionné et qui pourrait durer deux semaines.

E-llico.com / Actus

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Mis en ligne le 29/01/2013

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La garde des Sceaux Christiane Taubira a affirmé mardi à la tribune de l'Assemblée que l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe était "un acte d'égalité" et non "un mariage au rabais".

"C'est un acte d'égalité. Il ne s'agit pas d'un mariage au rabais, il ne s'agit pas d'une ruse, pas d'une entourloupe, il s'agit d'un mariage avec toute sa charge symbolique, et toutes ses règles d'ordre public", a affirmé Christiane Taubira en présentant le projet de loi sur le mariage homosexuel.

Rappelant l'histoire du mariage depuis l'instauration du mariage civil en 1791, la ministre a souligné que "depuis deux siècles, l'évolution du mariage va vers l'égalité". "Et c'est ce que nous faisons aujourd'hui, nous parachevons l'égalité", a-t-elle dit, en soulignant que l'évolution vers l'égalité avait d"'abord concerné les femmes", avec, notamment, les lois de 1970 et celle de 1975 qui a rétabli le consentement mutuel du divorce.

"Au nom d'un prétendu droit à l'enfant, vous refusez des droits à des enfants que vous choisissez de ne pas voir", a-t-elle aussi lancé. "Vos objections n'ont pas de fondement sauf une réelle difficulté à inclure dans vos représentations la légitimité des couples de même sexe."

"Mais vos enfants et vos petits-enfants les incluent déjà et vous serez bien mal à l'aise lorsqu'ils viendront voir les comptes rendus de vos débats", a-t-elle ajouté. "Le texte n'a rien de contraire à la convention des droits de l'enfant", a-t-elle poursuivi.

"Nous sommes fiers de ce que nous faisons!" a répété Christiane Taubira, avec un grand sourire.

"Qu'est-ce que le mariage homosexuel va enlever au mariage hétérosexuel?" a demandé la ministre de la Justice sous les applaudissements des bancs de la gauche, dont les députés ont applaudi debout la fin de son discours.

"Alors s'il n'enlève rien, nous allons oser poser des mots sur des sentiments et des comportements", a-t-elle ajouté, en dénonçant "les mensonges" lorsqu'il a été dit "que les mots de 'père' et de 'mère' seraient supprimés".

"Nous parlons d'hypocrisie pour ceux qui refusent de voir ces familles homosexuelles et nous parlons d'égoïsme pour ceux qui s'imaginent qu'une institution de la République pourrait être réservée à une catégorie de citoyens."

"Nous disons que oui, le mariage ouvert aux couples de même sexe illustre bien la devise de la République: la liberté de se choisir et de vivre ensemble, l'égalité de toutes les familles", a ajouté la ministre.

Sa collègue chargée de la Famille, Dominique Bertinotti, a ensuite pris le relais, avant le rapporteur du texte, le député socialiste Erwann Binet.

"Avancée pour tous", cette loi répond à une "vision généreuse de la famille", "une vision qui inclut et non qui exclut (...)", a-t-elle martelé. Et de s'adresser à l'opposition en citant les propos de Nicolas Sarkozy sur le Pacs lorsque celui-ci avait indiqué que sa famille politique avait fait une erreur. "J'en appelle à votre attachement républicain et laïc pour refuser toute forme d'exclusion", leur a-t-elle lancé.

"Plus personne ne doit être clandestin dans sa famille, clandestin dans la société, clandestin dans la République", a-t-elle expliqué.

Ce n'est sans doute que vendredi que commencera la bataille autour des quelque 5.000 amendements, en quasi totalité déposés par l'opposition, et qui vont de la simple provocation - ouverture du mariage aux polygames - aux propositions alternatives --une alliance civile au lieu du mariage.

"Il y eut le temps du châtiment, il y eut le temps de la tolérance, il est venu maintenant le temps de l'égalité", a enchaîné Erwann Binet.

Auparavant, lors des questions au gouvernement, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a donné le ton. Il a fait le "pari" que "dans quelques années", la droite jugera que le mariage gay constitue une "avancée", comme elle l'estime aujourd'hui pour le Pacte civil de solidarité (PaCS) qu'elle avait combattu il y a quinze ans.

Il est bien entendu resté sourd aux abjurations du chef de file des députés UMP, Christian Jacob, qui lui avait demandé de "reporter l'examen du texte" dans l'attente de l'avis du comité national d'éthique sur la procréation médicalement assistée (PMA), pourtant absente du texte. "Vous avez peur du peuple car vous n'osez pas le consulter par référendum", a-t-il aussi lancé, reprenant ce qui constituera un des leitmotiv de l'opposition.

Dans les couloirs de l'Assemblée, où dominait l'affluence médiatique des grands jours, certains des orateurs fourbissaient leurs arguments, avec le souci d'éviter, selon l'expression du chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, "un débat de caniveau".

Les députés de la majorité ont organisé des "tours de garde" pour ne pas revivre l'incident du PaCS en 1998. Trop peu nombreux dans l'hémicycle, les députés PS avaient alors permis à l'opposition de faire passer une motion d'irrecevabilité.

Prudent, Claude Bartolone a prévu d'être au "perchoir" durant toutes les séances.

> L'Assemblée nationale repousse la motion de rejet préalable

L'Assemblée nationale a repoussé mardi, par 272 voix contre 169, la motion de rejet préalable du projet de loi sur le mariage homosexuel qu'avait défendue au nom de l'UMP Henri Guaino, l'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy.

(Source AFP)

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