Le développement des vidéos porno "sans capote" commence à inquiéter les acteurs de la lutte contre le sida, ainsi que les distributeurs. La révélation de la contamination de plusieurs acteurs porno hétéros américains a provoqué un émoi révélateur. Certains acteurs, comme Jeff Palmer, s’affichent comme séropositifs et tournent des films sans capotes. Plus inquiétant, l’absence de capote devient un argument de vente. Les gros producteurs ont tendance à développer ce marché, avec comme argument "C’est une demande des clients", ou pire "Nos acteurs sont testés".

"C’est presque de la vidéo réalité, commente René Paul Leraton. Comme si on disait : regardez quelqu’un se faire contaminer !" Il est cependant difficile de contrer l’offensive. Le porno est confronté à une contrainte paradoxale : par essence, il produit du fantasme, et en même temps il doit y introduire des éléments de réalité. Alors comment réagir lorsque l’on sait que les tournages ont lieu dans des pays où les acteurs sont prêts à tout pour se faire de l’argent et sont vulnérables par rapport aux risques, comme dans les pays d’Europe de l’Est, ou au Brésil. Alors se pose vite la question de la censure. Mais son efficacité serait douteuse, du fait du développement de la diffusion de films via Internet.

Pour René-Paul Leraton, "Il serait possible de mettre en place un groupe de travail réunissant producteurs et diffuseurs pour réfléchir à un dispositif spécifique, sur le modèle de la Charte de prévention du SNEG et des établissements". Les solutions envisagées seraient multiples : interdire la mention du "sans capote" comme argument de vente, proposer d’associer aux vidéos concernées un document rappelant les règles de protection, convaincre les producteurs d’insérer un message de prévention avant le film...

Le dossier est en train de prendre forme : Menstore travaille déjà avec SIS à la mise en place d’un dispositif d’information et de prévention des consommateurs de DVD "bareback" pour la rentrée prochaine.