
Mariage pour tous
A Nice, victoire au goût amer pour la communauté homosexuelle
A Nice, ville réputée accueillante à l'égard des homosexuels mais où une agression à caractère homophobe a été dénoncée dimanche, la "victoire" aura mardi soir, après l'adoption attendue du projet de loi sur le mariage pour tous à l'Assemblée nationale, un goût un peu amer pour beaucoup d' homosexuels.
E-llico.com / Actus
A Nice, victoire au goût amer pour la communauté homosexuelle
Mariage pour tous
Mis en ligne le 23/04/2013
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Dans le quartier gay près de la place Garibaldi, l'ambiance n'est pas vraiment à la fête mardi, même si beaucoup se réjouissent à l'avance de l'adoption du projet de loi.
Un apéritif sera quand même organisé au Centre LGBT de Nice mardi soir, si rien ne vient entraver le vote du texte. "Un moment convivial pour célébrer ce résultat historique", mais aussi "un moment de réflexion sur les combats qu'il nous reste à mener", explique le secrétaire général du centre Jean-Marie Pottier.
Le vote du projet de loi ne "mettra pas fin aux LGBT-phobies", renchérit Thomas Cepitelli, délégué de SOS homophobie pour Nice Côte d'Azur. "On a encore beaucoup de travail à faire, notamment autour de la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de femmes, pour la reconnaissance des coparents, ou encore pour faciliter les parcours de transition pour les personnes trans.", dit-il.
Et "quand on voit actuellement les actes homophobes ou les prises de parole décomplexées au sein de différentes assemblées, du type 'A quand le mariage avec des animaux ou des objets?', ça nous rappelle l'importance des interventions en milieu scolaire, mais aussi auprès du public adulte", ajoute le militant.
Pourtant, malgré l'agression samedi d'un couple homosexuel à la sortie d'une boîte de nuit gay du centre-ville -condamnée lundi par le maire UMP Christian Estrosi comme par l'opposition municipale de gauche-, la communauté homosexuelle de Nice se sent localement plutôt soutenue par les pouvoirs publics depuis quelques années. Même si certains dénoncent une forme de "clientélisme" de la part de la municipalité UMP.
La ville qui subventionne le Centre LGBT, plusieurs festivals et associations culturelles gay est en pointe en matière de tourisme à destination de cette communauté. Elle est notamment la première en France à avoir obtenu le label international "Gay Comfort ".
Mais dans l'Hémicycle, Christian Estrosi votera contre le projet de loi, se disant "insatisfait" du volet concernant l'adoption.
"Double langage!", accusent, sous couvert d'anonymat, certains habitants ou commerçants de la rue Bonaparte, au coeur du "petit Marais" niçois, où établissements gay-friendly et boîtes de nuit gays se succèdent.
La "victoire" législative gardera donc "un arrière-goût" de "déception", selon Olivier Caillau, délégué local de l'Association des parents gays et lesbiens (APGL).
"Oui, on l'a amère", résume ce militant, déplorant "tout ce qui s'est passé ces deux dernières semaines (agressions homophobes dans plusieurs grandes villes de France, ndlr), mais aussi l'acharnement des anti" au travers de manifestations qui ont "dérivé vers l'homophobie".
Mais il en veut aussi à l'UMP et aux élus d'opposition ayant déposé "5.000 amendements pour retarder l'adoption du projet de loi". "J'ai été surpris de cet acharnement et de voir que beaucoup de gens à l'UMP sont homophobes et très réticents à donner des droits aux homosexuels", témoigne-t-il.
"Certes, c'est une victoire, mais pour obtenir une chose normale, finalement", tempère lui aussi Domenico Gigante, un commerçant de la rue Bonaparte, en couple depuis 20 ans et pacsé.
Lui ne fêtera pas l'adoption du texte car, pour lui, "la vraie fête", ce sera "le jour de (son) mariage" avec son compagnon. "Je ne sais pas si ça sera possible, mais j'aimerais dès cette année", dit-il, visiblement ému à cette perspective.
(Source AFP)