Qui est vraiment Bradley Manning, la taupe de WikiLeaks ? - Procès

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Qui est vraiment Bradley Manning, la taupe de WikiLeaks ?

Difficile de dire qui est vraiment Bradley Manning, "taupe" présumée de WikiLeaks dont le procès s'ouvre ce lundi devant une cour martiale. Un être fragile aux tendances suicidaires, ou, à l'inverse, un homme conscient de ses actes, qui veut laisser sa trace et "faire la différence dans ce monde"?

E-llico.com / Actus

Qui est vraiment Bradley Manning, la taupe de WikiLeaks ?
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Mis en ligne le 03/06/2013

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Défense et gouvernement se sont déchirés sur leurs versions lors des nombreuses audiences préliminaires qui se sont tenues sur la base militaire de Fort Meade, près de Washington, en vue du procès en cour martiale qui s'ouvre lundi.

Petit gabarit, cheveux blonds rasés de près et visage d'adolescent fendu de lunettes fines, l'ancien soldat de 25 ans originaire d'Oklahoma ne donne pas l'air d'être l'un des plus célèbres "whistleblowers" (dénonciateurs) de l'histoire des Etats-Unis.

Pourtant, cet ex-analyste du renseignement est accusé d'avoir téléchargé puis envoyé au site internet WikiLeaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des milliers de documents classifiés du gouvernement américain sur les guerres en Irak et en Afghanistan, et 250.000 télégrammes du département d'Etat.

La "fuite" du siècle, qui a provoqué une tempête dans la diplomatie mondiale et la fureur de la première puissance mondiale, lui fait encourir aujourd'hui la prison à vie.

Un statut lourd à porter pour le jeune Manning, entré dans l'armée en 2007 après une enfance passée à subir les quolibets de ses camarades en raison de son côté "intello" ou de son homosexualité.

Sur sa base des environs de Bagdad où il est déployé, le première classe découvre la rudesse des règles du Pentagone, en particulier l'ancienne loi "Don't ask, don't tell" (ne rien demander, ne rien dire), qui obligeait les homosexuels à taire leur orientation sexuelle, sous peine de devoir quitter l'armée.

Des témoins du gouvernement parlent d'un être "déprimé", "anxieux", "sujet à des crises de panique". Sans parler de son mutisme, de son somnambulisme, voire de ses pertes de repères sexuels.

Des membres du personnel de la prison de Quantico - où Manning a été détenu pendant neuf mois - ont cité des épisodes où il léchait les barreaux de sa cellule en dormant, pleurait en tapant sa tête avec ses mains, ou grimaçait en se regardant dans le miroir. Ils justifient ainsi son maintien sous un régime ultra-sévère réservé aux suicidaires.

En face, la défense assure que Manning n'était pas suicidaire. Son avocat David Coombs raconte que le rêve de son client est "d'aller à l'université, travailler pour le service public et peut-être, un jour, être candidat" à une élection, "car il veut faire la différence dans ce monde".

Aucun regret

Entre ces deux portraits aux antipodes, on sait qu'en tant qu'analyste du renseignement, il avait accès à quantité de données protégées. Dans des conversations avec le pirate informatique Adrian Lamo, révélées par le magazine Wired, le simple soldat affirme que "quelqu'un" a "transféré des données de réseaux classifiés" et les a transmises à "un Australien aux cheveux blancs", Julian Assange, cofondateur de WikiLeaks.

Ce "quelqu'un" n'était autre que Manning lui-même, qui transférait ces données sur des CD-ROM contenant auparavant des chansons de Lady Gaga.

Lorsque Manning, accusé de "collusion avec l'ennemi", prend la parole pour la première fois à Fort Meade en novembre 2012, il n'exprime aucun regret et adopte un ton assuré pour raconter ses conditions de détention que la juge militaire a reconnu "plus rigoureuses que nécessaire".

En février dernier, témoignant de nouveau, ce féru de géopolitique et de technologies de l'information justifie ses actes par le désir de "provoquer un débat public sur les forces armées et la politique étrangère" des Etats-Unis. Il précise toutefois qu'il ne s'intéressait qu'aux documents dont il était "absolument sûr qu'ils ne causeraient pas de tort" à la sécurité nationale.

Selon Jeff Paterson, du comité de soutien au jeune homme, Manning "pourrait s'être identifié aux peuples d'Irak et d'Afghanistan" en partie "car il ressent les mêmes choses en tant que membre d'une minorité injustement traitée".

Arrêté en mai 2010 en Irak, Manning était incarcéré à Fort Leavenworth, Kansas (centre) depuis son transfert de Quantico en avril 2011. Pendant les audiences, il est détenu en un lieu qui n'a pas été divulgué.

(Source AFP)

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