Selon le vaticaniste de l'hebdomadaire l'Espresso, Sandro Magister, qui révèle l'affaire dans l'édition de vendredi, ce prélat, Mgr Battista Ricca, était connu pour une liaison homosexuelle alors qu'il travaillait à la nonciature à Montevideo de 1999-2000.

Un moment nonce par intérim, il aurait procuré une fonction, un logement et un salaire à la nonciature à un capitaine de l'armée suisse, avec qui il était lié.

Le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a jugé "non dignes de foi" les informations rapportées par l'Espresso.

Selon l'hebdomadaire italien, les informations de Sandro Magister sont basées sur plusieurs sources de première main.

La présence d'homosexuels au Vatican, y compris parmi les monsignori, est connue même si elle est passée sous silence.

François avait déclaré à des religieux latino-américains qu'il recevait en audience, le 6 juin: "À la Curie on parle d'un lobby gay. Et c'est vrai, il y en a un. Voyons ce que nous pouvons faire".

L'existence d'un "lobby" laisse penser à un système de protection, de recommandation et peut-être de chantage.

Ces intrigues sont contraires à la volonté de François d'une Eglise transparente, où les prêtres sont fidèles à leurs voeux de chasteté.

Certains prélats ont pu protéger des collaborateurs, par estime pour eux ou en considérant qu'ils étaient irréprochables sur le plan professionnel. Mais certains auraient pu aussi se taire en craignant d'être dénoncés à leur tour.

Selon des sources vaticanes, le rapport de 300 pages remis en novembre par trois cardinaux à la retraite sur l'affaire des fuites "Vatileaks" au pape Benoît XVI, qui l'a transmis à François, contiendrait des informations sur le fameux "lobby gay".

Ce qui aurait particulièrement irrité François est que les services du Vatican lui auraient caché des informations significatives dans le dossier du prélat.

Informations, qui, "si François les avait connues à temps, l'auraient dissuadé de nommer Battista Ricca prélat de l'Institut pour les OEuvres de Religion", selon Magister.

Mgr Ricca, 57 ans, avait gagné la confiance du pape, notamment en tant que directeur de la Maison Sainte Marthe, où François a choisi d'habiter.

François s'était fait présenter le dossier personnel concernant Ricca et il n'y avait rien trouvé d'inconvenant.

C'est une semaine après avoir nommé le prélat de l'IOR, que, rencontrant des nonces apostoliques, le pape a eu connaissance d'antécédents homosexuels de Mgr Ricca.

Les révélations de l'Espresso s'inscrivent dans le cadre de tensions autour de l'IOR, alors que le pape a entrepris de le réformer.

Mgr Ricca était arrivé en 1999 à Montevideo, après des postes au Congo, en Algérie, en Colombie et en Suisse. Il avait débarqué avec son ami, le capitaine Patrick Haari.

De nombreux évêques, prêtres, laïcs et religieuses uruguayens étaient scandalisés. Le Vatican avait laissé faire.

En 2001, Ricca avait été mêlé à une série d'incidents. Dans un lieu de rencontres pour homosexuels, il avait reçu des coups et du appeler des prêtres à l'aide.

Ricca fut finalement transféré à la nonciature de Trinidad et Tobago.

Une fois rentré à Rome, en 2005, le prélat a été intégré dans le personnel diplomatique à la secrétairerie d'Etat.

Parmi les missions qui lui ont été confiées, figure le contrôle des dépenses des nonciatures.

Selon Sandro Magister, "des gens ont participé activement à une opération de dissimulation. En freinant les enquêtes menées depuis l'époque des faits. En occultant les rapports rédigés par le nonce. En veillant à ce que le dossier personnel de Ricca reste vierge".

(Source AFP)