(Photo : Nathalie Gassel)

Insomniaque. D’aucuns s’en plaindraient. Lui est ravi de ces nuits très courtes qui lui permettent d’avoir des journées très longues. Ça tombe bien, car entre les courts de droit qu’il donne à la fac, ou de littérature érotique qu’il livre à l’Institut National de Formation des Libraires, ses chroniques dans sept journaux (“Livres Hebdo”, “Elle”, “L’Œil”...), sa critique littéraire sur RMC, la publication d’ouvrages de droit, celle de romans et de nouvelles, la direction littéraire d’une collection de textes érotiques et le lancement, en octobre 2004, de sa maison d’édition... il faut du temps. Il lui en reste pourtant pour lire (quasiment un livre par jour !) et défendre les nombreux clients du cabinet qu’il dirige depuis 1995 — des grands auteurs ou éditeurs parisiens, le journal “Jeune Afrique” ou les principaux producteurs de X français — qui font de lui un des avocats les plus réputés en matière de droit d’auteurs, de propriété intellectuelle et de droit de l’information.

Fils de prolo élevé en banlieue communiste, ce “pur produit de l’école républicaine et laïque” fait ses études à Paris à Assas, la très droitière fac de droit où, déjà frondeur, il crée le premier syndicat étudiant de gauche. Cet acte de bravoure lui attire la sympathie du PS qui sollicite le ralliement du jeune militant et de ses troupes. Il se décide à être chevènementiste (il a d’ailleurs fait campagne pour lui à la dernière présidentielle) et travaille comme assistant parlementaire de Jean-Yves Autexier, un des pères du CUS, l’ancêtre du PaCS. Il est aussi un temps secrétaire général du Gage, l’unique groupe français d’étudiants homos au début des années 80.

Brillant, volontiers caustique et impertinent, Emmanuel Pierrat est un stakhanoviste des lettres, un amoureux des mots qui a trouvé sa voie dans un métier plus littéraire qu’on ne croit. “Et puis surtout, n’oublions pas qu’on me paie pour porter une robe”.

jfl