Les spécialistes de l'addiction dénoncent les incohérences nées d'une loi de 1970 dépassée - Drogues

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Les spécialistes de l'addiction dénoncent les incohérences nées d'une loi de 1970 dépassée

L'avis négatif du Conseil d'Etat retardant l'ouverture d'une "salle de shoot" met au jour les "incohérences" entre la loi "dépassée" de 1970, prohibant l'usage de stupéfiants, et la politique de réduction des risques pour les toxicomanes, ont estimé vendredi des spécialistes de l'addiction.

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Les spécialistes de l'addiction dénoncent les incohérences nées d'une loi de 1970 dépassée
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Mis en ligne le 11/10/2013

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La loi de 1970 considère l'usager de drogues comme délinquant (passible d'emprisonnement ferme) et malade (des exemptions de poursuites pénales sont possibles pour les toxicomanes qui acceptent de se soumettre à une cure de désintoxication).

"Au nom d'une loi dépassée", le Conseil d 'Etat "nous empêche de développer des outils nouveaux, largement expérimentés et évalués dans d'autres pays européens", déplore Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction.

"La loi de 70 a été créée quand il n'y avait pas de consommation de drogue de masse, de scènes ouvertes, de dommages tels que le VIH ou l'hépatite C", ajoute Pierre Chappard, du Réseau francais de réduction des risques. Il rappelle que la politique de réduction des risques "a toujours été aux limites de la loi de 1970", citant l'exemple des établissements médicaux sociaux qui "distribuent des seringues pour que des personnes s'injectent des subtances interdites" et conseillent les usagers de drogue "sur les méthodes d'injection à moindre risque".

"La loi doit changer", insiste Jean-Marc Priez, de l'Association française pour la Réduction des risques liés à l'usage de drogue (AFR) qui juge que "la cohabitation" entre réduction des risques et pénalisation "n'est plus possible".

Un constat partagé par l'association d'usagers de drogue ASUD, qui estime que la décision du Conseil d'Etat "rompt avec plus de 20 années d'ambiguïtés, voire d'hypocrisie".

Depuis un décret de 1987 qui a mis fin à l'interdiction de vendre des seringues aux toxicomanes en pleine épidémie de sida, "nos dirigeants ont opté pour une stratégie simple : (...) éviter tout débat qui révèle à l'opinion publique l'écart fondamental" entre la loi de 1970 et "les avancées obtenues en matière de prise en charge des addictions", note l'association.

Ainsi, "la fourniture de matériel d'injection stérile en pharmacie" ou les mises sur le marché de produits de substitution comme la méthadone et le Subutex "contredisent l'esprit, voire la lettre de notre cadre légal", ajoute l'association, qui dénonce "ces incohérences" et regrette "une stratégie qui va inévitablement apparaître à l'étranger comme un signe d'amateurisme".

(Source AFP)

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