
Manifeste des 343 salauds
Une pétition contre l'abolition de la prostitution provoque un tollé
Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement et ministre des droits des Femmes, a fustigé mercredi les "343 salauds" qui signent une pétition contre l'abolition de la prostitution, initiée par le magazine Causeur de novembre.
E-llico.com / Actus
Une pétition contre l'abolition de la prostitution provoque un tollé
Manifeste des 343 salauds
Mis en ligne le 31/10/2013
Tags
"Tous ensemble, nous proclamons: touche pas à ma pute!", peut-on lire dans "Le manifeste des 343 salauds", qui comptent dans leurs rangs notamment Frédéric Beigbeder, Basile de Koch - mari de Frigide Barjot - ou Nicolas Bedos.
Le nom de la pétition fait référence au manifeste publié par le Nouvel Observateur en 1971 et signé par 343 femmes qui proclamaient "J'ai avorté" alors que l'IVG était encore passible de poursuites.
"Homos ou hétéros, libertins ou monogames, fidèles ou volages, nous sommes des hommes. Cela ne fait pas de nous les frustrés, pervers ou psychopathes décrits par les partisans d'une répression déguisée en combat féministe. Qu'il nous arrive ou pas de payer pour des relations charnelles, nous ne saurions sous aucun prétexte nous passer du consentement de nos partenaires", plaident-ils.
"Les 343 salopes réclamaient en leur temps de pouvoir disposer librement de leur corps. Les 343 salauds réclament le droit de disposer du corps des autres. Je crois que cela n'appelle aucun autre commentaire", a lapidairement déclaré Najat Vallaud-Belkacem, lors du compte rendu du Conseil des ministres.
En réponse à cette pétition, le collectif Zéromacho, qui revendique 1.881 hommes "engagés contre le système prostitueur", dénonce dans un communiqué des "ringards (qui) s'amusent à défendre une cause machiste perdue".
"Cette pétition réac prétend que la volonté d'abolir la prostitution serait 'une guerre faite contre les hommes'. C'est tout le contraire : nous, Zéromachos, affirmons que le combat pour l'abolition de la prostitution est avant tout un combat pour l'Égalité", affirme le collectif, estimant que "cette lutte progressiste (...) nous libère d'un diktat qui a amené des générations d'hommes à se comporter en 'salauds'".
"Que certains se revendiquent encore de ce machisme ne les honore pas. Ils perpétuent ainsi des comportements dégradants et archaïques", ajoute Zéromacho, qui cite l'anthropologue Françoise Héritier : "Dire que les femmes ont le droit de se vendre, c'est masquer que les hommes ont le droit de les acheter."
Une proposition de loi renforçant la protection des prostituées et la lutte contre la prostitution a été déposée à l'Assemblée et doit être examinée fin novembre. Elle prévoit notamment la création d'une amende de 1.500 euros sanctionnant le recours à la prostitution, doublée en cas de récidive.
(Avec AFP)