Un an après sa première manifestation La Manif pour tous tente de survivre  - Mariage gay

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Un an après sa première manifestation La Manif pour tous tente de survivre

C'était il y a un an. Le 17 novembre 2012, pour la première fois, plus de 100.000 opposants au mariage homosexuel défilaient dans les grandes villes de France à l'appel d'un collectif bientôt très médiatique, La Manif pour tous.

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Un an après sa première manifestation La Manif pour tous tente de survivre
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Mis en ligne le 15/11/2013

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Un an après, la loi Taubira est passée, le collectif s'est scindé, beaucoup de militants se sont évanouis dans la nature, d'autres se sont radicalisés.

Son égérie, Frigide Barjot, qui y voit le fruit d'un complot politique, a même été condamnée à quitter son logement social. Flashback.

Fin octobre 2012, "Virginie Tellen", alias Frigide Barjot déclare une manifestation en préfecture de Paris "avec 10.000 personnes". Le jour "J", ils sont entre 70.000 (police) et 200.000 (organisateurs) à Paris et quelques milliers à Lyon, Marseille, Toulouse, Rennes, Nantes.

Le soir, aux JT du 20H, les Français découvrent les ballons roses, le logo de La Manif pour tous, la crinière blonde de Frigide Barjot et les slogans qui résonneront pendant plusieurs mois: "Tous nés d'un homme et d'une femme".

Trois jours après la démonstration de force, François Hollande reconnaît "une liberté de conscience" permettant aux maires hostiles au mariage homosexuel de ne pas en célébrer. Mais, face au tollé, il fera marche arrière.

Dans les mois qui suivent, à plusieurs reprises, la Manif pour Tous fait battre le pavé à des centaines de milliers de personnes. Au printemps, alors que les parlementaires adoptent un par un les articles de la loi Taubira, le mouvement anti se radicalise. Au mois de mai, Frigide Barjot est invitée à laisser sa place et la loi est adoptée. "Je ne suis pas partie, j'ai été virée", affirme celle qui a créé L'Avenir pour tous, dans la foulée. "C'est archi-violent, c'est d'une violence inouïe, on a kidnappé le mouvement", dit la belle-soeur de Karl Zéro, avec qui elle s'est brouillée à ce moment-là.

Un nouveau visage incarne le mouvement: celui de Ludovine de la Rochère, une mère de quatre enfants, cadre de la fondation Jérôme-Lejeune qui soutient la lutte contre l'avortement. Un nouveau visage pour un nouveau ton et des envolées sur "la dictature socialiste". Pour elle, son collectif a encore un rôle à jouer même si la loi Taubira est passée, "un rôle d'alerte, de rempart, de mobilisation pour défendre les droits des enfants et de la famille".

Le quotidien des opposants au mariage homosexuel depuis que les premières unions ont été célébrées, ce sont des happenings, des conférences de presse, des pétitions. En ordre dispersé. Il y a les veilleurs, Le Printemps français, La Manif pour tous, L'Avenir pour tous.

Le 24 septembre par exemple, une vingtaine de militants proches du FN et du Printemps français, avec sa chef de file Béatrice Bourges, manifestent à Paris devant des bureaux où, selon eux, une entreprise américaine, "extraordinary conception", propose "clandestinement" à des femmes de pratiquer des gestations pour autrui (GPA).

Il y a aussi ces veilleurs, qui, régulièrement, se retrouvent devant le ministère de la Justice ou devant une préfecture, silencieux, droits comme un "i", en signe de protestation ou Frigide Barjot qui tient meeting au congrès du parti de Nicolas Dupont-Aignan.

Radicalisation

Et puis il y a les actions beaucoup plus radicales. Le 25 octobre, lors d'un déplacement de Christiane Taubira à Angers, dans un groupe qui agite des drapeaux "Manif pour tous", une fillette s'exclame: "La guenon mange ta banane".

Le 11 novembre, les cérémonies de commémoration sur les Champs-Élysées sont perturbées par des manifestants venus conspuer le chef de l'État. Des militants du Printemps français qui crient "ta loi, on n'en veut pas".

C'est à eux que songe Frigide Barjot quand elle invite "tout le monde, sauf ceux qui n'ont pas respecté la paix sociale dans notre pays" à venir fêter dimanche, à Paris, le premier anniversaire de la manifestation du 17 novembre. Objectif: "retrouver l'élan originel du mouvement". Avec "le seul message que nous portons depuis le début: un enfant naît d'un homme et d'une femme". "On repart pour une deuxième saison" dit-elle. "Sans les homophobes"...

En face, la Manif pour tous peaufine "une charte sur les valeurs" pour distinguer avec "une sorte de label" les candidats aux municipales qui défendent le mieux l'ADN du mouvement. Le collectif pourrait passer la vitesse supérieure deux mois après, à l'occasion des européennes. "C'est la seule échéance politique qui pourrait vraiment nous intéresser, si le gouvernement ne nous entend pas. On se prépare à pouvoir y aller avec des listes Manif pour tous", dit Ludovine de la Rochère.

Son ex-acolyte, Frigide Barjot affirme qu'elle n'a aucun regret. "Dans ce combat j'ai perdu mon appartement, des amis, un beau-frère. Et mon patrimoine est étalé dans la presse. Mais, oui ça en valait la peine. J'aurais donné ma vie pour que chaque être humain puisse savoir d'où il vient. Brigitte Bardot a fait les animaux, je ferai les êtres humains. C'est un combat à vie".

(Avec AFP)

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