
Manifestations en Ukraine
La TV russe ironise sur l'homosexualité du ministre allemand venu à Kiev soutenir les protestatires
La télévision publique russe minimise l'ampleur des manifestations pro-européennes en Ukraine et n'hésite pas à la manipulation des images et à surfuer sur l'homophobie.
E-llico.com / Actus
La TV russe ironise sur l'homosexualité du ministre allemand venu à Kiev soutenir les protestatires
Manifestations en Ukraine
Mis en ligne le 10/12/2013
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Ukraine Kiev Russie Dmitri Kisselev Guido Westerwelle
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La télévision publique y voit "la main de l'Occident" et minimise leur ampleur: les manifestations pro-européennes en Ukraine font l'objet en Russie d'un traitement médiatique qui rappelle selon des experts la propagande soviétique.
"L'anarchie règne à Kiev", "Les manifestants pro-UE sont payés", "Les Russes sont détestés en Ukraine" : les manifestations de centaines de milliers de personnes survenues en Ukraine ces deux dernières semaines sont présentées comme orchestrées par les Occidentaux dans cette ex-république soviétique.
"Le style des chaînes publiques russes, avec des images souvent tronquées et des commentaires manipulateurs, renvoie à la propagande de l'empire soviétique", estime l'experte russe des médias Irina Petrovskaïa.
Elle cite au premier chef la chaîne publique Rossia 1, avec son présentateur-vedette Dmitri Kisselev. Connu pour ses commentaires acerbes sur l'opposition russe, anti-américains ou anti-gays, il anime une émission hebdomadaire le dimanche soir et vient d'être nommé par le président Vladimir Poutine à la tête du nouveau groupe d'audiovisuel extérieur russe.
Un casque de policier au viseur brisé entre les mains, il a affirmé dimanche soir à l'antenne que les leaders de l'opposition ukrainienne avaient fait sciemment le choix du sang en provoquant des affrontements à Kiev.
Toujours prompt à dénoncer l'influence de l'occident dans ces protestations, il s'en est pris notamment au ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle, qui s'est rendu auprès des manifestants à Kiev la semaine dernière (photo). "M. Westerwelle, qui vit en couple homosexuel (...), a été visiblement émoustillé par les corps super-lourds des frères (boxeurs et opposants ukrainiens Vladimir et Vitali) Klitschko", a-t-il dit avec un sourire sarcastique.
Les commentaires véhéments de ce présentateur, dont les émissions peuvent être regardées en Ukraine, ont été à l'origine d'un incident lors d'une intervention en direct depuis Kiev du correspondant d'une autre chaîne de télévision publique russe, Rossia 24. Dimanche, un Ukrainien indigné a surgi brusquement devant la camera, écartant le journaliste russe pour dénoncer devant des millions de téléspectateurs les "mensonges et galimatias" proférés, notamment par M. Kisselev et sa chaîne, sur l'Ukraine.
"Les chaînes russes sont encore plus débiles que la télévision soviétique", a constaté cambrig68. "De moins en moins de gens croient ces mensonges", a assuré le blogueur Aleks Pravdorezov.
L'experte Irina Petrovskaïa n'est pas de cet avis. "La propagande à la télévision est toujours très efficace", a-t-elle dit à l'AFP. Quelques petites chaînes privées, comme Dojd ou Ren-TV, se démarquent de la ligne officielle, mais elles ont une diffusion limitée et leur audience est faible.
(Avec AFP)