
Nigeria
Nombreuses critiques internationales contre la loi condamnant l'homosexualité
Le président nigérian Goodluck Jonathan a provoqué lundi de nombreuses critiques sur la scène internationale en promulguant une loi très controversée mais largement soutenue au Nigeria qui restreint fortement les droits des homosexuels.
E-llico.com / Actus
Nombreuses critiques internationales contre la loi condamnant l'homosexualité
Nigeria
Mis en ligne le 14/01/2014
Tags
Sur le même sujet

Les Etats-Unis critiquent la loi nigérianne condamnant l'homosexualité

Le président Jonathan promulgue une loi condamnant l'homosexualité
Adoptée à l'unanimité par les parlementaires nigérians en mai dernier, la loi prévoit une peine de 14 ans de prison en cas de mariage homosexuel et 10 ans d'emprisonnement contre les personnes de même sexe affichant publiquement leur relation.
Cette loi "restreint dangereusement la liberté d'association, de rassemblement et d'expression des Nigérians", a déploré le secrétaire d'Etat américain John Kerry dans un communiqué. Elle "contredit les engagements légaux du Nigeria au niveau international et mine les réformes démocratiques et les protections en matière de droits de l'Homme inscrites dans sa constitution de 1999", a-t-il ajouté.
"C'est un jour tragique pour les droits de l'Homme au Nigeria", a estimé le militant gay britannique Peter Tatchell, dans un email à l'AFP. Pour Jasmine O'Connor, de l'association britannique de défense des droits des homosexuels Stonewall, "cette loi est un coup porté aux lesbiennes, aux gays et aux bisexuels du Nigeria et montre jusqu'où le gouvernement nigérian est prêt à aller en termes de violation des droits de l'Homme".
"Une des sociétés les moins tolérantes au monde"
En décembre, l'ONG Amnesty International avait considéré que si cette loi était adoptée, elle ferait "de la société nigériane une des sociétés les moins tolérantes au monde". "Nous savions que le président du Nigeria était (...) une personne très morale, chrétienne, nous savions qu'il allait signer" cette loi, s'est réjoui Domingo Obende, le sénateur de l'Etat d'Edo (sud), à l'origine de cette loi. Il a estimé que la communauté internationale ne devrait pas interférer dans ce genre d'affaires.
Selon cette loi, "les personnes de même sexe qui se lient par un mariage ou un contrat d'union civile commettent un délit et peuvent être conjointement condamnées à une peine de 14 ans de prison chacune".
Le texte prévoit également que "toute personne qui fait fonctionner ou participe à des clubs gays, des sociétés ou des organisations pour homosexuels, ou - directement ou indirectement - affiche publiquement sa relation amoureuse avec une personne de même sexe, commet un crime et encourt une peine de 10 années d'emprisonnement".
Bon nombre de pays africains disposent de législations interdisant ou réprimant l'homosexualité, à l'exception de l'Afrique du Sud, le seul pays africain à reconnaître les unions entre personnes de même sexe.
En Ouganda, où l'homophobie est très répandue et où la législation réprimait déjà fortement l'homosexualité, le parlement a adopté en décembre un texte qui criminalise la promotion publique de l'homosexualité, y compris les discussions de groupes militants, et prévoit la prison à perpétuité pour les récidivistes. Le texte ougandais, qui doit encore être ratifié par le président Yoweri Museveni, prévoyait la peine de mort dans sa première version.
Au Cameroun voisin, l'homosexualité est considérée comme un délit pénal et les homosexuels risquent jusqu'à 5 ans de prison ferme.
Les relations homosexuelles sont déjà sévèrement réprimées au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, dont la société est très religieuse. Les quelque 170 millions d'habitants se partagent entre chrétiens et musulmans, et une part importante de la population continue aussi à suivre les cultes traditionnels.
Le Premier ministre britannique David Cameron avait averti que son pays envisageait de restreindre les aides aux pays qui ne reconnaissent pas les droits des personnes de même sexe.
Le Nigeria apparaît cependant moins enclin à céder aux pressions des gouvernements occidentaux, le premier producteur de pétrole africain recevant moins d'aides financières de ces pays que d'autres Etats du continent.
(Source AFP)