
Ouganda / Loi homopobe
Les représentants de la communauté gay veulent saisir la Cour constitutionnelle
Au lendemain de l'annonce de la prochaine promulgation de la loi renforçant la répression de l'homosexualité par le président ougandais, la communauté gay veut saisir la Cour constitutionnelle pour tenter de s'opposer à ce texte.
E-llico.com / Actus
Les représentants de la communauté gay veulent saisir la Cour constitutionnelle
Ouganda / Loi homopobe
Mis en ligne le 18/02/2014
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Ouganda Discrimination Homophobie
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Obama met en garde l'Ouganda au sujet de la promulgation de la loi réprimant l'homosexualité

Le président signera finalement la loi anti-homosexualité
Le président ougandais Yoweri Museveni signera finalement la nouvelle loi durcissant considérablement la répression des homosexuels en dépit de pressions occidentales, un texte qu'il avait dans un premier temps refusé de promulguer.
Le porte-parole du gouvernement ougandais, Ofwono Opondo a expliqué que "cette loi est très populaire à la fois au Parlement et auprès de la société ougandaise". "Le président est sous forte pression dans son pays pour signer la loi", a-t-il ajouté, sans préciser quand le texte serait promulgué.
Mais face à cette décision, le président américain Barack Obama a d'ores et déjà exprimé son inquiétude dimanche. "Le projet de loi anti-homosexualité en Ouganda, une fois promulgué, sera plus qu'un affront et un danger pour la communauté gay d'Ouganda", a-t-il estimé.
Les Etats-Unis ont beau être un allié clé de l'Ouganda, Kampala n'entend cependant visiblement pas se laisser dicter sa conduite.
"Cela ne nous importe pas de perdre le soutien financier de nos partenaires", a déclaré le ministre de l'Ethique et de l'Intégrité, Simon Lokodo, devant des journalistes, affirmant que les Ougandais préfèreraient "mourir pauvres que de vivre dans une nation immorale".
La loi en question, votée à une majorité écrasante le 20 décembre 2013 par le Parlement ougandais, prévoit notamment la prison à vie pour les récidivistes. Elle interdit également toute "promotion" de l'homosexualité et rend obligatoire la dénonciation de quiconque s'affichant ouvertement homosexuel(le). Un article sur la peine de mort a été rejeté mais la nouvelle législation a été très critiquée par les Etats-Unis, l'Union européenne ou encore l'ONU.
Des "malades" qui "ont le droit d'exister"
Les représentants de la communauté gay et lesbienne d'Ouganda avaient promis de se battre "jusqu'au bout" pour contrer l'entrée en vigueur du texte. Lundi, l'un d'eux, John Abdallah Wambere, a dénoncé une décision "politique" du président Museveni à l'approche d'importantes élections en 2016 et estimé que "la Cour constitutionnelle" était désormais le seul recours.
Déjà ces derniers temps, les représentants de la communauté gay et lesbienne sentaient le climat se détériorer, a-t-il affirmé : "Il y a eu davantage d'arrestations ces dernières semaines. Et nous nous attendons à ce que cela empire".
En janvier, le porte-parole de la présidence ougandaise, Tamale Mirudi, avait expliqué que le président ne promulguerait pas la loi, non pas parce qu'il approuvait l'homosexualité mais parce que "ces personnes ont le droit d'exister". Il avait ajouté que le chef de l'Etat considérait que les gays étaient "malades" mais que la répression n'était pas un remède.
Mais la semaine dernière, le chef de l'Etat ougandais a expliqué avoir changé d'avis après consultation d'un groupe de scientifiques mis en place par le ministère de la Santé pour "étudier l'homosexualité et la génétique chez les êtres humains". "L'équipe de scientifiques a montré que l'homosexualité est un comportement appris, que certaines personnes adoptent parfois pour de l'argent, et c'est ce que le président veut empêcher", a ajouté le porte-parole du gouvernement.
L'homophobie est très répandue en Ouganda, pays où le christianisme protestant de style américain fait des adeptes. Les hommes et femmes homosexuels y sont fréquemment soumis à des menaces ou subissent des violences. En 2011, un militant des droits des homosexuels en Ouganda, David Kato, avait été poignardé à mort à son domicile, après la publication dans un journal de noms, photos et adresses d'homosexuels vivant en Ouganda,sous le titre: "Pendez-les!".
(Avec AFP)