Aux cris de "Clients pénalisés = putes assassinées" et "On est putes, on est fières, Belkacem, c'est la guerre", en référence à la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, qui soutient le texte, les manifestants ont fustigé une loi qui va "précariser davantage" les prostitué (e) s, ont-ils expliqué.

Rassemblés à l'appel de plusieurs associations de défense de prostituées dans le cadre de la Journée mondiale pour les droits des travailleurs du sexe, les militants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: "putes sans clients cherchent poste au gouvernement", "trans migrantes marginalisées par la pénalisation des clients".

Le texte, adopté en décembre par l'Assemblée, est actuellement examiné par une commission spéciale du Sénat mais n'est pas encore programmé en séance. Il prévoit notamment de punir l'achat d'actes sexuels d'une contravention de 1.500 euros, l'abrogation du délit de racolage passif institué en 2003, et des mesures d'accompagnement social et professionnel pour celles qui veulent quitter la prostitution.

"Les abolitionnistes (qui réclament l'abolition de la prostitution et sont à l'origine de la proposition de loi, ndlr), mentent sur la traite des êtres humains pour justifier la pénalisation des clients", en faisant "l'amalgame entre prostitution et traite des êtres humains", a expliqué Thierry Schaffauser, du Syndicat du travail sexuel (Strass).  

"Toutes les prostituées étrangères ne sont pas victimes de la traite", a-t-il ajouté, mais pour celles qui le sont, "la pénalisation des clients va rendre encore plus difficile leur identification, si elles sont encore plus cachées" par les réseaux de proxénètes, a-t-il insisté.    

La proposition de loi se base sur l'exemple de la Suède, qui pénalise les clients de prostituées depuis 1999. Mais "le résultat de la Suède est alarmant", a expliqué Mylène Juste, prostituée rue Saint-Denis à Paris. "La prostitution s'est simplement déplacée de la rue vers d'autres lieux. Celles qui étaient exploitées par des réseaux de traite le sont maintenant sur des bateaux au large de la Suède et les salons de massage ont explosé", a-t-elle ajouté.

Pour Jovanna Rincon, directrice de l'association Acceptess-T, qui défend les prostituées étrangères transsexuelles et transgenres, "la personne trans migrante, déjà fragilisée, se retrouve kidnappée par la proposition de loi, qui n'apporte aucune réponse à sa situation. Cela va précariser davantage celle qui sont  déjà précaires".

(Source AFP)