
Egalité / Genre
Hamon renonce aux ABCD de l'égalité sous leur forme actuelle
Benoît Hamon annoncera lundi le sort réservé aux "ABCD de l'égalité" qui, après des mois de polémique, ne devraient pas être reconduits sous cette forme même si son entourage a réfuté samedi "tout abandon de l'éducation à l'égalité fille-garçon".
E-llico.com / Actus
Hamon renonce aux ABCD de l'égalité sous leur forme actuelle
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Mis en ligne le 28/06/2014
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"Rendez-vous lundi pour l'annonce du plan d'action pour l'égalité filles-garçons à l'école dès la rentrée 2014, au service d'une ambition réaffirmée", ont déclaré simultanément sur Twitter le ministre de l'Éducation nationale et sa collègue des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem. Benoît Hamon a récemment reçu un rapport d'évaluation de l'Inspection générale sur les ABCD de l'égalité.
Cette expérimentation conçue pour lutter contre les stéréotypes fille-garçon à l'école est testé depuis la Toussaint de la grande section de maternelle au CM2 dans 600 classes de 275 écoles dans dix académies.
L'intention au départ était ensuite de généraliser le dispositif à la rentrée 2014 mais il est fortement attaqué par des mouvements proches de l'extrême droite et des opposants au mariage homosexuel.
L'école a ainsi été secouée cette année par des rumeurs sur des garçons obligés de porter des robes ou des cours de masturbation en maternelle, au nom d'une prétendue "théorie du genre" enseignée aux enfants. Les ABCD de l'égalité dans leur forme actuelle ne seront ni généralisés ni reconduits, a indiqué samedi une source proche du dossier.
Pour autant, l'entourage du ministre a réfuté "tout abandon de l'éducation à l'égalité fille-garçon". Elle "est prévue et elle va se faire". Cette éducation va s'inscrire dans "la formation, initiale et continue, des enseignants qui sera déployée". En outre, "les outils dématérialisés mis à la disposition des enseignants vont être développés et améliorés en fonction de ce que dit le rapport d'évaluation", a indiqué cette même source.
Sur France Culture, Benoït Hamon avait indiqué mercredi "vouloir inscrire la lutte contre les inégalités" entre hommes et femmes "dans le socle commun" de connaissances, de compétences et de culture que tout élève doit avoir maîtrisé à la fin de la scolarité obligatoire, à 16 ans.
"Il n'y a aucun changement de stratégie! Le bilan est positif pour les ABCD", avait-il assuré. A d'autres reprises, le ministre avait relevé que l'essentiel était "dans le contenu, pas dans le contenant". Najat Vallaud-Belkacem a souhaité pour sa part jeudi sur La Chaîne parlementaire (LCP) qu'"on remette un peu de calme, qu'on arrête d'en faire une bataille politicienne".
Consternation du côté des enseignants
Du côté des enseignants chargés du dispositif, c'est la consternation. "Tout ce qui a été dit sur les ABCD est proprement hallucinant, les critiques sont délirantes", estime Emmanuel, qui ne souhaite pas donner son nom. Ce professeur des écoles, un des pionniers du dispositif, décrit au contraire des lectures sur les modèles des princesses et des chevaliers, ou des ateliers pour réfléchir aux jeux des uns et des autres, aux métiers, aux couleurs... "Ce sont des activités à hauteur d'enfants, nous partons de situations concrètes observées dans les cours d'école", explique-t-il.
Directeur d'école dans un quartier populaire de Vénissieux (Rhône), Bernard Bagaggia souligne que dans son établissement "le bilan est très satisfaisant car cela nous a permis d'aborder des sujets sur lesquels nous nous censurons habituellement". Et face aux "grosse interrogations" de certains parents, "nous avons dû argumenter", "mais nous avons su montrer qu'il s'agissait d'un travail d'enseignant, pas de militant". Alors, après tout ce travail, "un arrêt du dispositif serait dramatique".
"Un recul important" qui risquerait de "donner raison à ceux qui disent que c'est dangereux", se désole Emmanuel. Pour Muriel Salle, maîtresse de Conférences à Lyon 1 et formatrice pour les ABCD, "renoncer à cause d'une frange ultraminoritaire de gens d'extrême droite serait une faute politique grave", "un enterrement de première classe", "dramatique pour les filles et les garçons".
Conscient du risque de ne satisfaire personne, le ministère tente de déminer le terrain. L'éducation à l'égalité filles-garçons sera inscrite dans la formation des enseignants, avec des outils "améliorés", plaide-t-on dans l'entourage de Benoît Hamon. "Il n'y a aucun changement de stratégie! Le bilan est positif pour les ABCD", a-t-il assuré cette semaine, après avoir martelé à plusieurs reprises que l'essentiel est "dans le contenu, pas dans le contenant".
(Source AFP)