Farida Belghoul, l'ex-pasionaria antiraciste en croisade contre la supposée théorie du genre - Portrait

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Farida Belghoul, l'ex-pasionaria antiraciste en croisade contre la supposée théorie du genre

Pourfendeuse d'une prétendue "théorie du genre" à l'école au côté de mouvements d'extrême droite, Farida Belghoul a fait ses armes à l'autre bout du spectre politique, en défendant les droits des Français d'origine immigrée.

E-llico.com / Actus

Farida Belghoul, l'ex-pasionaria antiraciste en croisade contre la supposée théorie du genre
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Mis en ligne le 31/10/2014

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Farida Belghoul ABCD de l'égalité Genre Education nationale

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Initiatrice cet hiver d'un boycott de l'école, cette professeur de français et d'histoire-géo vient d'écoper d'un blâme du rectorat de Versailles pour avoir critiqué la ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem, qualifiée de "chouchoute du lobby trans, bi et cie".

A 56 ans, cette fille d'immigrés algériens n'a rien perdu de la verve, teintée d'agressivité, qui en avait fait une égérie de la lutte antiraciste dans les années 1980.

Après le succès en 1983 de la "Marche des Beurs", première grande manifestation des descendants d'origine immigrée, elle initie "Convergence 84".

Des Français de toutes origines convergent vers Paris en deux roues, avec le slogan: "la France c'est comme une mobylette, pour avancer il lui faut du mélange". "Mais elle a été complètement dépassée par SOS Racisme", né à la même période avec le soutien du gouvernement de François Mitterrand, raconte Samia Messaoudi, fondatrice de Radio Beur, qui a milité avec elle. "Elle s'est sentie trahie et a voulu faire du contre-SOS en tapant sur tous ceux qui était au côté du conflit antiraciste: les gauchos, les cathos... Elle s'est retrouvée avec un noyau qui pensait comme elle."

A l'époque, selon Samia Messaoudi, "elle n'était toutefois pas du tout dans l'espace religieux, communautariste" et ce n'est que bien plus tard qu'"elle s'est enfermée dans une religiosité insupportable".

Ce retour à l'islam a eu lieu au tournant des années 2000 quand elle enseignait dans un lycée professionnel de Bezons (Val d'Oise), selon un de ses anciens collègues qui a requis l'anonymat. "Elle a du charisme et s'était mise dans la poche certains jeunes en difficulté", dit-il. "Mais beaucoup d'enseignants avaient peur d'elle", assure-t-il. Pire, selon lui, "elle crachait tout le temps sur l'Education nationale."

Farida Belghoul, convaincue que l'école n'apprend pas bien à lire et écrire eux enfants, déscolarise d'ailleurs ses trois enfants.

Références complotistes

En 2008, elle veut lancer une association de lutte contre l'illettrisme mais échoue à rallier des soutiens. Peu après, elle s'installe en Egypte "parce que c'est un pays musulman", a-t-elle expliqué dans un entretien à Oumma.tv en février. A l'AFP, elle n'en dira pas plus, se bornant à accuser les "médias mainstream de mauvaise foi".

De retour en France, elle lance sa croisade contre les "ABCD de l'égalité", une expérimentation sur l'égalité entre les filles et les garçons menée dans certaines académies. Pour elle, le gouvernement risque d'introduire l'homosexualité à l'école. Son discours mêle références complotistes et sataniques.

"La théorie du genre nous vient de très bas, s'est saisie d'un certain nombre de personnes dans notre univers qui sont devenus ses agents (...) le diable existe", dit-elle sur Oumma.tv. En 2013, elle se rapproche de l'essayiste d'extrême droite Alain Soral. "C'est la seule personne en 29 ans qui a endossé ma critique de l'antiracisme (...) une idéologie qui instrumentalise les banlieues au profit du PS", justifie-t-elle.

L'hiver dernier, forte de ce soutien, ainsi que de ceux du polémiste Dieudonné ou du catholique traditionaliste Alain Escada, elle lance les Journées de retrait de l'école (JRE), qui rencontrent un petit succès dans certaines cités. A l'été, elle crie victoire quand le gouvernement abandonne les ABCD de l'égalité.

Mais depuis le vent a tourné. L'Éducation nationale lui demande de "s'expliquer" sur un déplacement en Russie alors qu'elle était en congé maladie. L'Express et la revue La règle du Jeu assurent qu'elle a été pacsée de 2008 à 2011 à une octogénaire, propriétaire de son pavillon. En octobre, une partie de ses troupes fait défection, l'un d'eux explique sur le site d'Alain Soral: "Mobiliser les parents sincères, par la peur de l'ennemi fantasmé, est une forme de management qui a ses limites." Elle, crie "à la trahison". Comme en 1984.

(Source AFP) 

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