
Amérique latine
Discrimination et préjugés freinent la lutte contre le sida
L'Amérique latine affiche l'un des meilleurs taux au monde de traitement des malades du sida, mais la discrimination et la violence contre les porteurs de la maladie rendent son combat plus difficile, estiment des observateurs.
E-llico.com / Santé / VIH
Discrimination et préjugés freinent la lutte contre le sida
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Mis en ligne le 09/11/2014
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"Avec 47% des porteurs du virus du VIH sous traitement", l'Amérique latine fait figure de très bon élève, aux mêmes niveaux que l'Europe ou les Etats-Unis, "mais nous sommes encore loin d'atteindre la couverture universelle", souligne César Nuñez, directeur du bureau de l'ONU pour le sida (Onusida) dans la région.
Son collègue Ernest Massiah, directeur de l'Onusida dans les Caraïbes, explique que le traitement médical permettrait d'éliminer la mortalité de la maladie et de réduire la charge virale du porteur au point qu'il cesse d'être contagieux.
Le problème, selon les spécialistes, est de faire venir le public dans les centres de santé pour y être dépisté et le cas échéant, se voir prescrire un traitement au risque pour les patients de subir les préjugés associés à cette maladie.
Les deux hommes participaient cette semaine à une rencontre au Costa Rica des responsables de l'Onusida pour l'Amérique latine et les Caraïbes afin d'évaluer les progrès et les difficultés dans la lutte contre cette épidémie.
Violence de genre
"Il y a une stigmatisation au moment du dépistage, beaucoup de gens ont honte de le faire parce qu'on va leur demander quels types de relations sexuelles ils ont et avec qui. Dans des petites communautés, les gens doutent que l'information reste confidentielle", explique M. Massiah.
Dans certains centres de santé, le personnel a parfois des attitudes hostiles envers les homosexuels, le groupe le plus vulnérable à l'infection, ou vis-à-vis de la sexualité des jeunes, poursuit l'expert. "Il y a une violence de genre très importante à l'encontre de la diversité sexuelle. Tous les jours nous voyons dans la presse du Mexique à l'Argentine des cas de morts violentes dont il est évident qu'il s'agit de haine" contre les homosexuels, renchérit M. Nuñez.
Cette violence contribue à entraver le dépistage puis le traitement des groupes les plus vulnérables. Des chiffres de l'ONU indiquent que deux-tiers des malades sont des hommes et que parmi eux, les principales victimes sont les homosexuels, suivis des prostituées.
Au cours des dernières années, la maladie s'est développée parmi des femmes jeunes, soumises à des rapports sexuels avec des hommes plus âgés négligeant le port du préservatif. En 2013, on comptait 1,6 million de personnes infectées par le VIH en Amérique latine, avec environ 94.000 nouvelles infections par an, une baisse de 3% entre 2005 et 2013. Cette même année, 47.000 personnes sont mortes du sida dans la région, poursuit l'Onusida, une baisse d'un tiers depuis 2005.
La communauté internationale s'est fixée pour objectif de vaincre la maladie d'ici à 2030, ce qui rend nécessaire une meilleure prévention. "Les traitements ont été importants pour sauver des vies, mais les coûts augmentent chaque année avec l'arrivée de nouvelles personnes infectées. Nous devons renforcer la prévention pour réduire la contagion", souligne M. Nuñez. "Le dernier sommet que nous devons franchir est celui de la discrimination, mais c'est celui qui coûte le plus", résume le responsable.
(Source AFP)