Les catholiques d'identité, gros des troupes de La Manif pour tous et minorité très visible - Religion

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Les catholiques d'identité, gros des troupes de La Manif pour tous et minorité très visible

Ils forment le gros des troupes de La Manif pour tous, affichent sans complexes leurs convictions éthiques voire politiques, prient "pour la France": les "catholiques d'identité" ont gagné du terrain dans l'Eglise à mesure que la mouvance progressiste, vieillissante, reculait.

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Les catholiques d'identité, gros des troupes de La Manif pour tous et minorité très visible
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Mis en ligne le 28/11/2014

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Qui sont-ils? On les trouve par exemple dans les rangs de Sens commun, le mouvement lié à l'UMP qui a bruyamment obtenu le ralliement de Nicolas Sarkozy à l'abrogation de la loi Taubira, hier parmi les Veilleurs manifestant silencieusement contre ce même texte. Beaucoup, parmi ces urbains souvent jeunes et très connectés, relaient depuis quelques jours les appels à participer à "la Neuvaine", neuf mois de prière "pour la France" et contre "le changement de civilisation" selon eux à l'oeuvre. 

Ce "catholicisme d'identité" est devenu un objet d'analyse sociologique largement partagé, suscitant un colloque jeudi et vendredi à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris.

Combien de divisions? Impossible de le dire. Mais "la tendance est très nette", souligne Philippe Portier, directeur du groupe sociétés, religions, laïcités au CNRS, qui parle d'un phénomène "dominant".

Ils "sont présents un peu partout dans les pôles d'activité de l'Eglise, d'autant qu'ils trouvent des appuis dans un corps épiscopal et sacerdotal qui a été profondément renouvelé dans les années 90", ajoute le sociologue.

 Des évêques comme Mgr Dominique Rey (Toulon) et Mgr Marc Aillet (Bayonne) voire le cardinal Philippe Barbarin (Lyon) accompagnent leur essor, et on ne compte plus les prêtres trentenaires et quadras, se faisant appeler "abbé" et portant le col romain, qui l'encouragent, comme le père Pierre-Hervé Grosjean, blogueur et "twitto" influent.  

Philippe Portier note un "double mouvement". D'un côté "les 'catholiques d'ouverture' vieillissent; souvent déçus par l'Eglise catholique, ils ne s'y montrent plus assez présents, et ne transmettent pas à leurs enfants leur désir de militantisme" dans des mouvements d'action catholique. "Parallèlement, le 'catholicisme d'identité' a été appuyé par le Saint-Siège (sous Jean-Paul II et Benoît XVI, NDLR) dans une conjoncture favorable à une tendance conservatrice, face à l'incertitude de la modernité."

Historien du fait religieux contemporain, Guillaume Cuchet estime que les catholiques plus conservateurs "se sont montrés plus résilients face au choc de la sécularisation". L'abbé Grosjean confirme: "Les jeunes catholiques pratiquants le sont par conviction et par choix parce qu'ils sont minoritaires. Une minorité, si elle ne veut pas disparaître, se doit d'être communicante, fervente, décomplexée". 

Ils ont "perçu l'importance de ne pas rester enfermés dans leur sacristie mais de prendre leur place dans le débat public", poursuit ce curé du diocèse de Versailles, qui récuse la dichotomie identité/ouverture, jugeant qu'il n'y a là aucun "choix de fermeture" au monde.  

La génération JMJ (Journées mondiales de la jeunesse) a fait place à la génération LMPT, pour La Manif pour tous, que Gaël Brustier voit, dans un livre aux éditions du Cerf, comme "le Mai 68 conservateur".

"C'est le grand retour des catholiques en politique et c'est la naissance, pour la première fois depuis 1945, d'un authentique mouvement conservateur", explique le politologue. Des hybridations inattendues sont constatées dans cette mouvance, notamment entre traditionalistes et charismatiques: les "tradismatiques" peuvent aimer aussi bien l'effusion évangélisatrice des "nouveaux mouvements" que la messe en latin. 

Les "cathos de gauche" ont-ils perdu la main? "Ils ont au minimum un problème d'organisation, je ne vois pas chez eux l'équivalent des sessions de Paray-le-Monial" animées par la communauté charismatique de l'Emmanuel, estime Gaël Brustier.  

Mais le pontificat de François peut faire bouger les lignes. Les "catholiques d'identité" se retrouvent "avec un pape François assez indifférent à ce combat conservateur, ils sont un peu en porte-à-faux", juge le politologue. Ce que l'abbé Grosjean conteste: "Ces jeunes sont très légitimistes dans leur relation à l'Eglise et au pape. Ils ont aimé la vigueur de Jean-Paul II, la clarté doctrinale de Benoît XVI, ils aiment la paternité et la bienveillance de François. Ils prennent le bien là où il est."

(Source AFP)

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