Avec le nouveau président de l'UMP qui ne voulait et/ou ne pouvait pas se passer d'elle, la chef de l'opposition à Paris aura marchandé pendant trois jours: d'accord pour intégrer la direction de l'UMP, mais sans Wauquiez, l'un de ses ennemis jurés, dont elle dénonce les positions droitières, et à condition de pouvoir garder sa liberté de parole.

Finalement, Sarkozy, qui n'aime rien tant que les rapports de force, aura accepté la plupart des desiderata de son ex-porte-parole de campagne en 2012, tout en réservant une place de choix à Wauquiez. Ce sera donc elle et lui, tous deux chargés de lourdes responsabilités.  

Avec toutefois un léger avantage à NKM. Du moins dans l'affichage.

Un communiqué publié jeudi en fin de matinée par l'UMP mentionne uniquement sa nomination, au poste de "vice-présidente déléguée du  l'UMP, numéro deux du parti". Celle de Laurent Wauquiez comme numéro trois, au poste stratégique de secrétaire général, n'interviendra officiellement que plus tard.

NKM est chargée de la refonte des statuts -et non Luc Chatel comme il en avait été question- mais aussi de la rénovation d'un parti que son nouveau président veut chambouler de fond en comble dans la perspective de la prochaine présidentielle.

Lui reviennent également les relations avec les autres formations politiques et la stratégie électorale. En clair, c'est elle qui négociera avec les centristes au moment où il faudra mettre en place la fameuse "primaire ouverte", quand Nicolas Sarkozy, François Fillon, Alain Juppé, Xavier Bertrand et peut-être d'autres se disputeront la place convoitée de représentant de la droite et du centre à la présidentielle de 2017.

Droite identitaire, droite sociétale

Il y a quelques semaines, elle n'avait pas hésité à contredire publiquement Nicolas Sarkozy, lorsqu'il s'était déclaré pour l'abrogation de la loi Taubira sur le mariage homosexuel. Ce n'est "ni souhaitable ni possible", avait-elle lâché. Une position aux antipodes de celle de Lauret Wauquiez qui défend, lui, une ligne dure - sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres - en réclamant l'abrogation du mariage pour tous. 

Selon des sources à l'UMP, Laurent Wauquiez sera en charge de secteurs stratégiques: fédérations, élections, adhésions (Sarkozy, qui veut doubler leur nombre, a fixé l'objectif à 500.000), formation des élus. "Il aura la réalité des choix opérationnels", dit-on de mêmes sources. 

En choisissant ses deux anciens ministres-là comme principaux lieutenants, l'ex-chef de l'Etat tente une sorte de synthèse entre la droite façon Wauquiez, assumée et identitaire, dans l'espoir de ramener vers l'UMP des voix séduites par le FN, et la droite façon NKM, sociétale et modérée, censée attirer au parti les voix du centre. 

Avec l'espoir de la transformer en martingale gagnante pour 2017.

(Avec AFP)