Coupable ou "non criminellement responsable", les 12 jurés ont la clé du verdict en répondant à la question.

L'avocat de Magnotta a admis dès le début du procès que son client avait tué et dépecé son partenaire sexuel d'un soir, l'étudiant Lin Jun, le 25 mai 2012. L'accusé a cependant plaidé non coupable à cinq chefs d'accusation pour cause de troubles mentaux.

L'accusation s'est employée à réfuter cette thèse tout au long des 11 semaines du procès. L'avocat du ministère public, Me Louis Bouthillier, a soutenu que l'accusé avait "planifié" ce meurtre au moins six mois à l'avance.

La preuve, selon Me Bouthillier, un courriel envoyé par Magnotta à un journaliste britannique qui voulait, après une dénonciation de défenseurs des animaux, l'interviewer fin 2011 à propos de vidéos sur internet montrant un inconnu tuant des chatons. "Vous entendrez prochainement encore parler de moi, et cette fois les victimes ne seront pas de petits animaux", avait écrit l'accusé en empruntant un pseudonyme. "Je vous enverrai une copie de la nouvelle vidéo que j'en ferai".

Luka Rocco Magnotta, 32 ans, est accusé de meurtre prémédité, d'outrage à cadavre pour l'avoir découpé, de diffusion de matériel obscène avec une vidéo postée sur internet, d'envoi par courrier de morceaux du cadavre, et de harcèlement vis-à-vis du Premier ministre canadien.

Après les faits, il s'était envolé vers Paris puis Berlin, où il devait être arrêté le 4 juin 2012, donnant à cette affaire sordide un retentissement international.

Diagnostiqué schizophrène dès 2001, Magnotta ne distinguait pas le bien du mal, a plaidé son avocat, Me Luc Leclair. "La folie de M. Magnotta ne date pas d'hier. Vous allez devoir vous mettre dans la tête de M. Magnotta pour comprendre ce qui s'est passé", a-t-il lancé aux jurés en les invitant à déclarer son client non coupable.

Des psychiatres venus témoigner en sa faveur avaient expliqué qu'au moment du meurtre, l'accusé, un ancien acteur porno, était en pleine psychose, sans aucune idée de la gravité de son geste.

Faux, l'accusé savait très bien ce qu'il faisait et il a toujours agi de façon "ultra-organisée" avant, pendant et après le meurtre, soit un comportement plutôt inhabituel pour un schizophrène, a rétorqué l'accusation.

Pour celle-ci, l'homme souffre plutôt de troubles de personnalité narcissique. Magnotta, a-t-elle soutenu, voulait devenir célèbre, faute d'estime personnelle, conséquence d'une enfance difficile dans une famille dysfonctionnelle.

Ainsi, en moins de 48 heures après le meurtre, il avait fini de dépecer le corps de Lin Jun, s'en était débarrassé, avait vidé et nettoyé sommairement son petit meublé pour tenter de faire disparaître les preuves avant de prendre la fuite en essayant de dissimuler son identité sous des pseudonymes.

L'enquête sur cette affaire avait commencé le 29 mai 2012 après la découverte d'un torse décapité dans une valise jetée sur un tas d'ordures dans une ruelle près de l'appartement de Magnotta.

Une soixantaine de témoins ont été appelés à la barre pendant le procès, dont 12 ont témoigné en faveur de Magnotta.

Comme c'est son droit, Magnotta n'a pas témoigné et il a aussi refusé de rencontrer un psychiatre retenu par l'accusation qui voulait l'évaluer. "Pourquoi, pensez-vous donc?", a lancé au jury l'avocat de l'accusation en insistant sur la culpabilité.

(Source AFP)