Le film "Pride" est l'objet d'une forme de censure pour sa sortie en DVD et blu-ray aux Etats-Unis.

Alors que la jaquette du film britannique, qui retrace une épisode de solidarité entre des militants LGBT et des mineurs en grève dans l’Angleterre thatchérienne du début des années 1980, mettait clairement en évidence ce caractère singulier, la version américaine le gomme totalement.

Le descriptif du film passe sous silence cette dimension essentielle du synopsis et Sony Pictures Home Entertainment est allé jusqu’à recomposer le montage qui sert d'image promotionnelle au film.

Là où l'on voyait initialement les acteurs défiler sous une banderole "Lesbiennes et gays soutiennent les mineurs", la version américaine a purement et simplement effaçé la banderole (voir image). De même les militants LGBT deviennent de simples "militants" dans le texte de présentation.

Le réalisateur gay Ben Roberts, directeur du British Film Institute, se montre fataliste. "Je ne suis pas surpris que les distributeurs américains aient pris la décision de vendre davantage d’exemplaires en diluant le contenu gay", a-t-il confié au quotidien britannique The Independent. 

"Je ne le défends pas - c’est un procédé mauvais et anachronique - je dis juste que je ne suis pas surpris. C’est une malheureuse réalité commerciale, ici et aux USA, que les distributeurs doivent prendre en compte. Les titres LGBT sont largement marginalisées en dehors de rares succès comme ‘Brokeback Mountain’".

Le réalisateur du film lui-même, Matthew Warchus, a qualifié de "maladroite" et "un peu ridicule" la stratégie de marketing sur la BBC Radio. 

Malgré un accueil très favorable de la critique, "Pride" a connu un succès mitigé en salles, aussi bien au Royaume-Uni qu’aux Etats-Unis et en Europe continentale. Le film a totalisé 180.000 entrées en France.