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Colère et indignation après le vote du Sénat

"Réac", "déshonorant" voire "raciste", le choix des sénateurs de rétablir le délit de racolage et de supprimer la pénalisation des clients, en contradiction avec la version initiale de la proposition de loi sur la prostitution, a suscité mardi l'indignation du gouvernement et de nombreuses associations.

E-llico.com / Actus

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Mis en ligne le 01/04/2015

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Tous espèrent désormais une nouvelle mouture à l'Assemblée nationale.

Dans la nuit de lundi à mardi, le Sénat, à droite depuis septembre, a adopté le texte, profondément modifié par rapport à celui que les députés avaient voté en décembre 2013. La proposition initiale prévoyait d'abroger le délit de racolage instauré par Nicolas Sarkozy en 2003, et d'instaurer en contrepartie une pénalisation des clients.

"Ce qui s'est passé cette nuit est absolument incroyable et méprisant à l'égard des femmes", a déclaré mardi la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine, qui a trouvé "invraisemblable et régressif" d'avoir "renoncé à la pénalisation des clients" et d'avoir fait "des prostituées non pas des victimes mais des coupables" en rétablissant le délit de racolage.

La ministre, également chargée des Droits des femmes, a dit vouloir "clairement" réintroduire la pénalisation des clients lors du retour du texte à l'Assemblée. En cas de désaccord entre les deux chambres, les députés auront le dernier mot.

Le Parti socialiste a également déploré "un texte régressif" du Sénat. "Loin d'apporter la moindre réponse aux problèmes de la prostitution, il les renforce. Il montre un peu plus sa déconnexion des enjeux de notre société actuelle."

Jugeant que les sénateurs étaient allés "à rebours" de la tendance en Europe, le Haut Conseil à l'égalité entre les hommes et femmes s'est néanmoins dit "confiant quant à l'adoption finale d'une loi équilibrée et efficace".

Le Mouvement du Nid, association qui prône l'abolition de la prostitution et avait ardemment défendu la version initiale du texte, a critiqué un vote "réac, déshonorant et irresponsable". "Le Sénat a choisi de protéger l'impunité complète des clients et préfère encore pénaliser les personnes prostituées plutôt que de remettre en cause ces hommes qui imposent un acte sexuel par l'argent", a déploré Grégoire Théry, son secrétaire général.

"Sénat de France, honte sur toi", a renchéri l'association masculine Zéromacho, qui milite pour l'égalité homme-femme. "Tu as voté un texte qui ramène notre pays douze ans en arrière, quand a été votée la loi Sarkozy créant le délit de +racolage passif+", s'est insurgée l'association, parlant de "vote déshonorant".

Pour Osez le féminisme, ce vote a été "l'occasion de faire tomber les masques": "le machisme continue à régner dans la Chambre haute du pays".

A l'appel du Syndicat du travail sexuel (Strass), qui défend lui le droit à la prostitution tout en s'opposant au proxénétisme, une dizaines de prostituées ont manifesté près du Sénat mardi, même si elles sont pour leur part opposées à la pénalisation des clients.

"On est coincés entre la droite et la gauche, entre deux formes de pénalisation, celle du racolage et celle du client", a déploré Thierry Schaffauser, du Strass. Le délit de racolage "ne sert à rien pour lutter contre le travail forcé, contre les proxénètes. C'est un outil raciste, ça sert à arrêter les migrants", a-t-il estimé, demandant plutôt "un texte pour les droits des prostitués".

(Source AFP)

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