Toxicomanie
Le marché européen des drogues en mutation constante
L'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies s'inquiète d'un marché des drogues en constante évolution en Europe. Une évolution qui touche aussi la communauté gay.
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Le marché européen des drogues en mutation constante
Toxicomanie
Mis en ligne le 04/06/2015
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Des substances plus pures, un cannabis en expansion, un trafic d'héroïne en mutation et une diversité croissante de nouveaux produits de synthèse: l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) s'inquiète d'un marché des drogues en constante évolution en Europe.
Plus de 80 millions de personnes, soit près d'un quart de la population adulte de l'Union Européenne, ont déjà consommé des drogues illicites, rappelle l'OEDT dans son rapport annuel dévoilé jeudi à Lisbonne et dont l'AFP a eu copie.
Il constate une "hausse sensible" de la teneur et de la pureté des drogues, que ce soit la teneur en THC (principe actif) du cannabis ou en MDMA (principe actif) dans les cachets d'ecstasy ou la pureté de la cocaïne et de l'héroïne.
En cause: l'innovation technique et la concurrence sur le marché.
Le cannabis reste la drogue la plus consommée en Europe, et sa consommation est notamment en hausse en France, en Bulgarie et dans les pays nordiques.
Une offre foisonnante de stimulants
A l'inverse, l'héroïne, principal opiacé consommé en Europe, est en déclin, même si elle représente toujours une part importante de la mortalité liée aux drogues et compte 1,3 million d'usagers "problématiques".
Ce changement s'accompagne d'une diversification des produits importés (morphine, opium, produits synthétiques) et des modus operandi des trafiquants (moyens de transport et routes empruntées), en fonction des évolutions des politiques répressives des pays traversés, des moyens déployés contre les trafics et de l'instabilité des territoires (conflits, etc.).
La concurrence est également foisonnante sur le marché des stimulants, où la cocaïne reste la plus fréquemment consommée devant les amphétamines, l'ecstasy et un nombre croissant de drogues de synthèse, dont les cathinones, de plus en plus courants.
L'Observatoire alerte aussi sur de nouveaux modes de consommation à risque: il relève des "urgences aigües" liées à l'usage de cannabis à haute dose, des surdoses liées à la combinaison de benzodiazépines (médicaments psychotropes) avec des opiacés, ou encore la pratique dangereuse du "slam" (injection de méthamphétamines avec d'autres stimulants, dans un contexte sexuel gay).
Il met en garde aussi contre "les nouvelles substances psychoactives" (NSP), chaque année plus nombreuses - 101 ont été détectées en 2014 - vendues comme "euphorisants légaux" et souvent utilisées comme substitut aux drogues illicites existantes, mais parfois mortelles.
Si la plupart sont importées, certaines sont désormais produites en Europe dans des laboratoires clandestins. Beaucoup de ces NSP, mais aussi les drogues plus traditionnelles, sont disponibles en ligne, déplore l'observatoire, sur le "web visible" mais aussi sur les "cryptomarchés" ou les marchés du "deep web", plus caché.
(Source AFP)