Procès des auteurs d'un baiser gay en plein débat sur la dépénalisation de l'homosexualité - Maroc

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Procès des auteurs d'un baiser gay en plein débat sur la dépénalisation de l'homosexualité

Le procès des deux hommes accusés de s'être embrassés en public s'est poursuivi mardi devant un tribunal de Rabat, au Maroc, où de récentes controverses ont entrouvert un débat sur la pénalisation de l'homosexualité, dans un pays aux moeurs conservatrices.

E-llico.com / Actus

Procès des auteurs d'un baiser gay en plein débat sur la dépénalisation de l'homosexualité
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Mis en ligne le 16/06/2015

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Au terme d'une audience de près de deux heures, le jugement à l'encontre de Lahcen, 38 ans, et Mohsine, 25 ans, a été mis en délibéré au vendredi 19 juin, a indiqué à l'AFP un responsable associatif.

Les deux prévenus risquent trois ans de prison, selon l'article 489 du code pénal, peine dont ont écopé en mai trois hommes arrêtés dans le nord-est du royaume.

Si des condamnations pour des "actes homosexuels" sont ainsi périodiquement rapportées par la presse marocaine, le débat autour de la pénalisation de l'homosexualité s'est emballé au début du mois.

Le 4 juin, dans le cadre du festival musical Mawazine, à Rabat, un artiste du groupe britannique Placebo s'est présenté sur scène, devant plusieurs dizaines de milliers de spectateurs, avec une guitare aux couleurs arc-en-ciel, puis le chiffre "489" barré sur son torse.

Quelques heures plus tôt, dans une action non concertée, deux militantes françaises des Femen avaient posé seins nus et s'étaient embrassées devant un des principaux monuments de la capitale. Dans ce dernier cas, la réaction des autorités marocaines a été vive: les deux Françaises ont été expulsées, le ministère de l'Intérieur dénonçant "une offense inacceptable pour l'ensemble de la société".

Le lendemain, quelque 1.500 personnes ont manifesté devant l'ambassade de France, arborant des pancartes "Pas de ça chez nous". De nombreux médias ont aussi dénoncé une provocation des Femen, en rappelant que l'islam est religion d'Etat au Maroc. La polémique ne s'est toutefois pas arrêtée là.

Le jour même de la manifestation anti-Femen, deux Marocains, accusés de s'être embrassés sur le même site que les Françaises, ont à leur tour été arrêtés. L'identité et les photos des deux hommes ont immédiatement été diffusées par les autorités et relayées par des médias publics.

Ouvert vendredi, leur procès s'est poursuivi mardi après-midi à Rabat. Les deux hommes ont démenti s'être embrassés, revenant à nouveau sur les aveux signés en garde-à-vue, selon un responsable d'une ONG ayant assisté à l'audience. Le jugement a été mis en délibéré à vendredi.

70.000 signatures

Ce procès est notamment suivi par "Aswat" ("voix"), une ONG locale luttant "contre la discrimination fondée sur la sexualité et le genre". Ce collectif, dont les membres préfèrent garder l'anonymat, avait diffusé l'an dernier une "web-série" pour dénoncer les violences contre les homosexuels au Maroc.

Vendredi dernier, "Aswat" a cette fois lancé, en collaboration avec l'ONG All Out, une pétition internationale visant à réclamer la "libération immédiate de Lahcen et Mohsine". Mardi, celle-ci avait recueilli plus de 70.000 signatures. "On essaie de mobiliser le plus largement possible et de pousser les principaux partenaires du Maroc à se saisir du sujet", a indiqué Guillaume Bonnet, directeur des campagnes de All Out.

Malgré lui, le journal Maroc Hebdo a aussi contribué à médiatiser le débat hors des frontières du royaume. "Faut-il brûler les homos?", s'est-il interrogé vendredi en Une. "Certes, c'est un droit individuel. Mais quid de la morale et des valeurs religieuses?", ajoutait-il en sous-titre. Cette Une a été abondamment relayée par la presse française et sur les réseaux sociaux, amenant Maroc Hebdo a modifié sa couverture et présenté des excuses.

Le même jour, un autre hebdomadaire, Tel Quel, a lui exprimé un avis remarqué en faveur de la dépénalisation de l'homosexualité, dans un éditorial intitulé "Vivre et laisser vivre". En mars, l'ONG internationale Human Rights Watch (HRW) avait appelé le Maroc à dépénaliser l'homosexualité, à la suite de condamnations à Al-Hoceima (nord-est).

Quelques mois plus tôt, l'arrestation à Marrakech, la principale destination touristique du royaume, d'un Britannique et de son compagnon marocain avait également défrayé la chronique à l'étranger. Condamné à quatre mois de prison, Ray Cole, 70 ans, avait finalement été relâché en interjetant appel, cette libération mettant un terme au tollé dans des médias anglais. Dans la foulée, son ami avait également bénéficié d'une mesure de remise en liberté.

(Source AFP)

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