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Les stimulants sexuels dans la ligne de mire de la police
Les stimulants sexuels à l'"effet-Viagra", très prisés de la clientèle gay, disparaissent des rayons des sex shops et des sites Internet. La police a décidé d'en venir à bout en intensifiant la répression des commerces qui les distribuent.
E-llico.com / Santé / VIH
Les stimulants sexuels dans la ligne de mire de la police
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Mis en ligne le 02/07/2015
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Les gays sont friands de ces pillules magiques qui boostent l'érection et favorisent les performances sexuelles apparues miraculeusement sur le marché il y 3-4 ans. Mais, ils vont devoir s'en passer.
Chacun soupçonnait bien que ces produits - dont la marque la plus connue est MaxiMenPills - ne contenaient pas seulement les plantes et autres produits naturels qui sont officiellement censés les composer. Mais devant leur évidente efficacité, utilisateurs et distributeurs fermaient les yeux.
Des yeux que les Douanes, les services de police en charge du contrôle de ces produits, avaient elles, grand ouverts, en chasse qu'elles sont de ces pseudo-médicaments systématiquement importés de provenances plus ou moins incertaines et au contenu réel bien loin de ce qui est indiqué sur l'étiquette.
Après avoir fait quelques raids spectaculaires dans le milieu des sex shops hétérosexuels les dernières années, la traque atteint désormais les circuits de distribution gay, en particulier à Paris.
Le MaxiMenPills disparaît des étagères
Et les effets ne se sont pas fait attendre. Aujourd'hui, plus aucun site français de vente de stimulants sexuels via Intenet ne propose plus le fameux MaxiMenPills. Si le produit continue de figurer sur les moteurs de recherche, dès que vous affichez la page trouvée, la fiche-produit indique "Produit indisponible".
La police est passée par là. Il est vrai que d'un simple clic il lui a été aisé de faire fermer ce commerce qu'elle poursuit comme "illicite".
Le terme peut sembler étonnant quand on sait que le Viagra a désormais droit de cité et se répand comme un véritable phénomène de société.
Mais la question n'est pas là où on pourrait l'imaginer. Le Viagra est bel et bien licite, mais à la condition indispensable d'être distribué dans les pharmacies et sur ordonnance. Car il s'agit d'un médicament au regard de la loi française.
Le MaxiMenPills et tous les produits à la redoutable efficacité du même type, sont eux, vendus hors de ce circuit légal. D'où la lutte implacable de la police et des Douanes qui, partant du principe que ces produits - quoi qu'en disent les fabricants - contiennent des substances chimiques et médicamenteuses, les font disparaître du circuit où elles n'ont rien à faire au regard de la législation.
Perquisitions, saisies des produits et de la comptabilité, arrestations et poursuites judiciaires se succèdent depuis des mois avec à la clé des conséquences lourdes pour les établissements pris dans le collimateur.
Exercice illégal de la pharmacie
Trois mois de prison avec sursis et 25.000 euros d’amende douanière pour "détention de médicament à usage humain sans justificatif et exercice illégal de la profession de pharmacien", ici. Six mois de prison avec sursis et 180.000 euros d'amende ailleurs. L'arsenal policier se déploie lourdement.
Devant la menace, les diffuseurs renoncent à vendre ces produits. Plusieurs établissement du Marais les ont déjà fait disparaître de leurs étagères. "On nous a fermement prévenu des risques que nous courions", explique-t-on chez RoB-Paris. La boutique BoxxMan ne vend plus non plus de stimulants depuis des semaines.
Certains veulent apparemment encore croire à l'argument du "produit naturel" venté par certains grossistes, mais l'argument ne tient pas.
"Soit vous vendez des produits réellement naturels comme le bois bandé ou le ginseng et vous avez des effets limités en terme d'efficacité, soit les produits sont très puissants, et là, il n'y a pas de mystère, il y a tromperie sur la marchandise et on vous fourgue des produits illicites", explique un laboratoire français tout ce qu'il y a de légal et de fiable spécialisé dans les compléments alimentaires et aphrodisiaques.
Les sex shops en première ligne
Les services de police sont bien conscients de la supercherie qui préserve en partie les fabricants mais expose frontalement les distributeurs. Car le délit essentiel ne consiste pas tant à fabriquer certains de ces stimulants mais à les écouler via des sex shops qui sont en infraction dans la mesure où ils ne peuvent prétendre vendre des produits relevant de la pharmacie.
Et l'argument de la bonne foi ne suffit pas à amadouer ni la police ni les juges. La répression a pris un tel tour que les Douanes vont aujourd'hui jusqu'à s'en prendre aux particuliers qui achètent ces produits. Comme le signale le mensuel AgendaQ dans son édition de juillet 2015, une rafle d'envergure a eu lieu le 18 juin dans un aéroport parisien visant des particuliers ayant passé commande sur le web.
On le voit, le filet se ressere autour de ce marché devenu rapidement florissant mais qui semble bien vivre ses dernières heures.
Les homos adeptes de performances vont donc devoir prendre le chemin de leur médecin et de leur pharmacien pour se voir dispenser le très officiel Viagra ou "reprendre une activité normale" comme le dise Les Guignols de l'info.