La violence extrémiste juive, un danger ancien et multiforme - Israël

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La violence extrémiste juive, un danger ancien et multiforme

Une adolescente israélienne mortellement poignardée lors d'une parade homosexuelle, un bébé palestinien brûlé vif dans un incendie criminel: Israël se retrouve à nouveau confronté à l'extrémisme juif. Qui sont les extrémistes ? Quels sont leurs motivations ? Que font les autorités ?

E-llico.com / Actus

La violence extrémiste juive, un danger ancien et multiforme
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Mis en ligne le 06/08/2015

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Les deux affaires sont-elles liées ?  

Non. L'attaque du 30 juillet lors de la Gay Pride de Jérusalem semble un acte isolé. Son auteur est un juif ultra-orthodoxe pour lequel l'homosexualité souille le nom de Dieu. Un juge a ordonné mercredi qu'il subisse un examen psychiatrique.

L'incendie du 31 juillet dans le village palestinien de Douma s'inscrit dans une longue série d'actes communément regroupés sous le label de "prix à payer", des agressions ou des faits de vandalisme anti-palestiniens, anti-arabes, anti-chrétiens et même contre des soldats israéliens. L'idée est que ceux qui offensent les extrémistes doivent en payer le prix.

Ces extrémistes sont-ils organisés ?

Les auteurs des actes du "prix à payer" sont considérés comme une bande aux contours assez vagues plutôt qu'une organisation hiérarchisée. Un certain nombre d'entre eux relèvent de la "jeunesse des collines", des jeunes des colonies sauvages de Cisjordanie. Au moins deux des trois jeunes arrêtés depuis lundi en font partie. "Ce sont des gens qui n'acceptent tout simplement l'autorité de personne", dit Avi Dichter, ancien chef de la sécurité intérieure (Shin Beth), "ils rêvent d'une entité fondée sur la loi juive, où on ne reçoit d'instructions que de Dieu".  

Lehava est un groupe plus organisé. Lehava dit lutter contre la perte de l'identité juive en particulier à travers le mariage entre juifs et Arabes. Il s'inspire de l'idéologie de Meir Kahana, fondateur du mouvement raciste anti-arabe Kach. Le nom de Lehava a été associé à l'incendie fin 2014 de la seule école bilingue arabe-hébreu de Jérusalem. Son leader Benzi Gopstein s'est prononcé cette semaine devant des étudiants pour l'incendie des églises chrétiennes, a rapporté la presse jeudi. Lehava n'est pas interdite.

Kach a été fondé au début des années 70. Ses deux fractions (après une scission) ont été interdites dans les années 90. L'un des trois jeunes arrêtés est le petit-fils du fondateur.  

Quelles sont les motivations des extrémistes ?

Elles sont diverses et se recoupent parfois: la religion, le rêve messianique d'un grand Israël gouverné par la Torah y compris sur les terres palestiniennes, le rejet de "l'idolâtrie" chrétienne, la racisme, les restrictions imposées à la colonisation. Beaucoup des extrémistes "sont des gens déconnectés sortis du système éducatif", dit Mally Shechory-Bitton, criminologiste à l'université d'Ariel, "ils ont trouvé une raison de vivre dans une idéologie et dans des valeurs supposées religieuses".  

Quelles sont leurs forces ?

Avi Dichter estime le nombre de ces extrémistes à quelques centaines. Ils ne sont pas considérés comme une menace sérieuse pour l'Etat. Mais leurs agissements attisent les tensions, hypothèquent encore davantage la paix avec les Palestiniens et nuisent à l'image d'Israël.  

Le mouvement est-il nouveau ?

Non. Rien que dans l'histoire récente, les extrémistes ont défrayé la chronique:

- en 1994, l'extrémiste juif Baruch Goldstein tue 29 fidèles musulmans en prière dans le tombeau des Patriarches (la mosquée d'Ibrahim pour les musulmans) à Hébron (Cisjordanie). Il meurt lynché.

- en 1995, le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin est assassiné par un extrémiste juif.

- en 2005, un déserteur israélien membre du Kach ouvre le feu dans un autobus, tuant quatre personnes près de Nazareth (nord d'Israël). Il meurt lynché.

- en 2014, un adolescent palestinien de Jérusalem-Est est brûlé vif par trois jeunes juifs en représailles à l'enlèvement et la mort de trois adolescents juifs en Cisjordanie.  

Quelle est la réponse des autorités ?

Elles ont été accusées de complaisance avec l'extrémisme juif. Le gouvernement actuel fait la part belle aux nationalistes, aux religieux et aux défenseurs de la colonisation. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a qualifié le meurtre d'un bébé palestinien d'acte "terroriste", terme bien plus communément employé pour les violences palestiniennes. Il s'est engagé à la "tolérance zéro" contre tous les crimes de haine, d'où qu'ils viennent. Trois jeunes sont arrêtés.

Fait rarissime pour un extrémiste juif, l'un d'eux a été placé sous le régime controversé de la détention sans inculpation, pour six mois éventuellement renouvelables. D'anciens membres des services de sécurité ont expliqué la difficulté de la lutte contre l'extrémisme juif: d'abord parce qu'une bonne partie de cet activisme n'est pas considéré comme terroriste, ce qui limite les outils légaux, ensuite parce que ces groupes sont très petits, difficilement pénétrables et secrets.

(Source + photo AFP)

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