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Premiers résultats d'un vaccin curatif contre le sida, les scientifiques réservés

La start-up française Biosantech a présenté mercredi à Paris des résultats très préliminaires d'un essai clinique sur un modèle de vaccin thérapeutique contre le sida pour tenter de trouver un repreneur pour le projet, suscitant des réserves chez les scientifiques.

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Mis en ligne le 28/10/2015

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"J'ai besoin d'argent, j'ai envie que quelqu'un prenne le relais", a expliqué Corinne Treger la présidente de Biosantech lors d'une conférence de presse organisée pour présenter les résultats d'un vaccin testé sur 48 séropositifs.

L'essai a été présenté aux journalistes et non à la communauté scientifique, ni publié dans une revue médicale, comme c'est normalement la règle, font remarquer plusieurs scientifiques.

Selon le directeur scientifique de Biosantech, Jean de Mareuil, il permet de montrer l'absence de toxicité de la protéine Tat Oyi utilisée dans le vaccin et de découvrir à quelle dose le vaccin était le plus efficace. A la dose la plus efficace (33 microgrammes), précise-t-il, le vaccin a permis à 4 patients sur 12 de baisser leur charge virale (quantité de virus dans le sang) à une dose "quasi indétectable" un mois après l'arrêt du traitement de trithérapie, un résultat toutefois présenté comme "non significatif" en raison du petit nombre de personnes incluses dans l'étude.

L'arrêt de la trithérapie, actuellement le seul traitement disponible, entraîne chez la très grande majorité des séropositifs un retour à la charge virale initiale en l'espace de 15 jours à un mois.

Mis au point par le docteur Erwann Loret, chercheur au CNRS à l'Université d'Aix- Marseille - qui a cédé le brevet à la société Biosantech -, le vaccin cible la protéine Tat, produite par le VIH. La molécule a pris le nom de TAT Oyi, en référence à un patient gabonais résistant naturellement au VIH et chez qui cette protéine était capable de générer une bonne réponse immunitaire.

Après des tests encourageants menés sur des animaux, des essais cliniques ont été menés chez l'homme à partir de 2013 à l'hôpital de la Conception à Marseille.

Parmi les autres résultats annoncés mercredi, Biosantech cite une diminution à un an du stock des cellules réservoirs du VIH chez certains des patients vaccinés. Les cellules réservoirs sont des cellules où le virus se cache et que les trithérapies ne peuvent pas atteindre. Pour confirmer ces résultats, Biosantech espère pouvoir lancer dès la fin de cette année une nouvelle étude portant sur 80 patients, après avoir obtenu l'accord de l'agence du médicament ANSM.

Les résultats présentés mercredi ont été jugés "encourageants" par le Pr Mark Wainberg, un expert du sida de renommée internationale, invité à participer à la conférence de presse. Mais il a également insisté sur l'importance de poursuivre les travaux qui doivent être évalués par des scientifiques et publiés dans une revue. "Il ne faut pas donner de faux espoirs aux malades", a-t-il averti.

Interrogé par l'AFP, le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l'agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) est resté extrêmement prudent. "Ces résultats sont présentés par une société (...) Ils m'apparaissent en tout état de cause très préliminaires et on doit les interpréter avec la plus grande prudence", a-t-il dit avant de rappeler qu'une quinzaine d'essais cliniques étaient menés actuellement dans le monde sur des vaccins thérapeutiques contre le VIH, dont certains plus avancés que le Tat Oyi.

Le CNRS a lui aussi réagi, soulignant que l'équipe scientifique de l'essai n'avait "pas vocation à s'exprimer dans la presse sur ce sujet en dehors du cadre d'une publication scientifique, a fortiori avant la remise du rapport statistique final de l'étude".

(Source AFP)

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