L'éviction de Michel Kazatchkine en 2011 liée au financement d'une campagne de Carla Bruni-Sarkozy - Fonds mondial de lutte contre le sida

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L'éviction de Michel Kazatchkine en 2011 liée au financement d'une campagne de Carla Bruni-Sarkozy

L'administration américaine a rendu publics des milliers de messages de l'ex-chef de la diplomatie Hillary Clinton, dont une série semblent contredire la version officielle du départ de Michel Kazatchkine de la tête du Fonds mondial de lutte contre le sida en janvier 2012.

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Mis en ligne le 01/11/2015

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Les échanges de responsables américains, disponibles depuis vendredi sur le site du département d'Etat et partiellement expurgés, montrent que le conseil d'administration de la puissante organisation avait dénoncé "la mauvaise gestion" de son directeur français et était unanimement favorable à son départ.

Ils semblent aussi confirmer les révélations du magazine Marianne en janvier 2012, à savoir que l'affaire des 2,8 millions de dollars accordés par le Fonds à une campagne de lutte contre le sida portée par l'ex-Première dame française, Carla Bruni-Sarkozy, alors ambassadrice de la lutte contre le sida, avait bien joué un rôle dans l'éviction de Michel Kazatchkine.

Cette campagne, "Born HIV-free", était distincte de la Fondation de Carla Bruni-Sarkozy, qui n'a reçu "aucun argent public", avait précisé l'épouse de Nicolas Sarkozy à l'époque.

Le sort du grand médecin français s'est joué lors de la 25e réunion du conseil d'administration du Fonds les 21 et 22 novembre 2011 à Accra (Ghana). Hillary Clinton, alors secrétaire d'Etat, était tenue au courant des moindres développements, les Etats-Unis exerçant une pression forte pour démettre le Français.

"Le comité de haut niveau qui a examiné les contrôles fiduciaires du Fonds mondial, ainsi que d'autres contrôles internes, ont lourdement critiqué le directeur exécutif (un citoyen français soutenu par le président Sarkozy) pour sa faible gestion des opérations du secrétariat, une relation fracturée avec l'inspecteur général du Fonds et une attention insuffisante à la supervision des fonds", écrivait une semaine avant dans un message à la directrice de cabinet d'Hillary Clinton John Monahan, conseiller spécial du département d'Etat, avant un coup de fil prévu de Mme Clinton avec Alain Juppé, alors ministre français des Affaires étrangères.

Le 21 novembre, selon un compte-rendu d'Eric Goosby, coordinateur mondial pour le sida des Etats-Unis, le conseil décidait "de congédier MK avant le 31 décembre 2011".

Lâché

L'Américain écrit aussi que "les représentants français et de l'EC (Commission européenne, ndlr) ont lâché MK quand le président du conseil a présenté au conseil une lettre du directeur financier faisant référence à des fonds non approuvés de 2,8 millions de dollars pour la FLO Fr...", ces initiales faisant vraisemblablement référence à la "First Lady of France", la Première dame de France. "Cela a créé l'unanimité", rapporte-t-il, dans ce courriel transmis peu après à Hillary Clinton.

Mais le lendemain, Michel Kazatchkine a réclamé un vote, créant un apparent dilemme pour la France, qui finit par voter contre le renvoi avec les représentants de la Commission européenne et de la fondation Gates, créant un veto. Le conseil a alors décidé de nommer un directeur général sous l'autorité du conseil, court-circuitant Michel Kazatchkine.

"Le conseil a conclu que la performance de MK était mauvaise, particulièrement sur les questions de management interne", écrit John Monahan. "MK aura le choix de démissionner, rester (dans un rôle redéfini), ou se battre devant les tribunaux".

Le 24 janvier 2012, Michel Kazatchkine annonçait sa démission pour une "question de principe", assurant qu'elle n'avait rien à voir avec ses liens avec Carla Bruni-Sarkozy. Le président du conseil d'administration du Fonds à l'époque, Simon Bland, avait nié toute mise en cause à ce sujet.

Selon le Fonds, le versement des 2,8 millions de dollars s'était fait dans le respect des procédures. Contactés par l'AFP via le service de communication de l'Onusida où ils occupent aujourd'hui des fonctions, Michel Kazatchkine et Simon Bland n'avaient pas encore répondu samedi, de même que le Quai d'Orsay et Carla Bruni-Sarkozy.

(Source AFP)

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