Une "commission d'évaluation" de l'ANSM "a rendu un avis favorable à l'unanimité" pour que le Truvada bénéficie d'une "recommandation temporaire d'utilisation" (RTU) qui permettrait à ce médicament d'être prescrit à titre préventif, explique dans un communiqué l'ANSM.

Une RTU permet à titre transitoire, pour une durée maximale de trois ans renouvelable, d'utiliser un médicament en dehors des champs de prescription prévus lors de son autorisation de mise sur le marché.

Le Truvada a été mis sur le marché en 2005 en tant que traitement pour les malades du sida. On s'est ensuite aperçu que pris quotidiennement ou même quelques heures avant et après une relation sexuelle, il permettait à des personnes saines de réduire très fortement le risque d'être contaminées par le VIH.

Deux essais menés en Grande-Bretagne (essai Proud, un comprimé pris tous les jours) et en France (essai Ipergay, trois comprimés pris quelques heures avant et après une relation sexuelle) ont montré une baisse de 86% des risques de contamination dans une population homosexuelle "fortement exposée".

La commission de l'ANSM précise que l'autorisation du Truvada en prévention ne serait valable que pour les personnes "à haut risque d'acquisition du VIH par voie sexuelle" et "en tant qu'outil additionnel d'une stratégie de prévention diversifiée".

Les bénéficiaires du Truvada en préventif seraient en outre l'objet d'un "suivi" spécial.

Cet avis favorable n'est qu'une étape vers la RTU qui devra être accordée par le directeur général de l'ANSM. La décision est attendue dans "quelques semaines", selon l'agence. Un groupe d'experts mené par le spécialiste du sida Pr Philippe Morlat (CHU de Bordeaux) avait déjà rendu en octobre à la ministre de la Santé Marisol Touraine un avis favorable à l'utilisation du Truvada comme traitement préventif pour les personnes à "haut risque".

Il s'agit surtout d'hommes ayant des relations anales sans préservatif avec d'autres hommes (avec au moins deux partenaires différents lors des six derniers mois), selon cet avis qui évalue "à plusieurs dizaines de milliers de personnes" les potentiels bénéficiaires. Ce traitement relativement onéreux (500 euros la boîte de 30 comprimés) est déjà autorisé aux États-Unis comme traitement préventif.

En France, les associations anti-sida et gay réclament depuis des mois l'autorisation de ce traitement préventif encore appelé "PrEP" pour "prophylaxie pré-exposition".

(Source AFP)