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Malgré son efficacité, le traitement préventif peine à s'imposer dans le monde

Réclamé par de très nombreux experts, recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le traitement préventif contre le sida peine encore à s'imposer comme un outil efficace contre un fléau qui continue à tuer plus d'un million de personnes par an dans le monde.

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Mis en ligne le 29/11/2015

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Trois ans après son autorisation aux Etats-Unis, la France a annoncé cette semaine que le Truvada allait, début 2016, être mis gratuitement à la disposition de personnes non infectées mais très exposées au risque de contamination par le VIH.

Le Truvada est une combinaison d'antirétroviraux du laboratoire américain Gilead mis sur le marché en 2005 en tant que traitement pour les malades du sida, avant d'être validé scientifiquement comme médicament préventif.

"Il ne s'agit pas de jeter les préservatifs qui sont un très bon outil. Le traitement préventif est un second outil pour ceux qui ne se protègent pas", souligne Bruno Spire, l'ancien président de l'association française de lutte contre le sida Aides.

Le traitement préventif, également appelé "prophylaxie pré-exposition" (PrEP), est autorisé aux Etats-Unis depuis 2012 pour les personnes séronégatives dont le partenaire est séropositif et pour les toxicomanes s'injectant des drogues.

Depuis 2014, la prescription de ce traitement quotidien - d'un coût élevé (plus de 1.000 dollars par mois) mais généralement pris en charge par les assurances maladies - a été étendue à tous les groupes à risque élevé d'infection, dont les homosexuels n'utilisant pas de préservatif. Mais trop peu y ont recours et "nombre de médecins ne sont pas informés", déplorent les autorités sanitaires américaines estimant qu'un quart des homosexuels et bisexuels actifs et 20% des toxicomanes utilisant des seringues devraient en bénéficier.

Au-delà des Etats-Unis, le traitement préventif est à ce jour uniquement accessible au Québec où les médecins ne sont pas tenus de préciser si le Truvada est utilisé à titre préventif ou curatif, alors même que la PrEP n'est pas officiellement homologuée au Canada.

En France, où la boîte de 30 comprimés de Truvada coûte 450 euros, les médecins auront le choix entre un traitement quotidien et un à la demande (deux comprimés avant le rapport à risque, un troisième le lendemain et un quatrième le surlendemain). La première modalité de traitement a été validée par des études américaines et britanniques tandis que la seconde n'a été validée que par une étude française.

Cet essai (Ipergay) - dont les résultats ont été rendus publics au début de l'année - a montré une réduction du risque de contamination par le VIH de 86% chez des personnes à haut risque d'infection, similaire à celle observée dans l'étude britannique, publiée en septembre. La réduction était en revanche plus modeste (environ 44%), dans l'étude américaine menée dans plusieurs pays d'Amérique du sud et publiée en 2010, en raison d'un taux élevé d'abandon du traitement en cours de route. Pour ceux ayant correctement suivi le traitement, l'efficacité était d'environ 90%.

Confrontée à deux millions de nouvelles infections par an dans le monde, l'OMS recommande depuis l'an dernier que la PrEP puisse être proposée partout aux homosexuels très exposés. En septembre, elle a étendu cette recommandation à toutes les populations exposées à un risque "substantiel", incluant prostituées et utilisateurs de drogues. Malgré une forte mobilisation en Europe, avec un appel soutenu par plus de 80 associations, de nombreux pays hésitent encore.

"Nous pensons que tout outil capable d'éviter la transmission doit être utilisé", relève Shaun Griffin, de la Fondation britannique Terrence Higgins qui milite pour la mise à disposition rapide de la PrEP au Royaume-Uni. "Beaucoup d'Etats traînent les pieds pour des raisons morales car la PrEP va essentiellement bénéficier aux gays", remarque Bruno Spire, bien que les études n'aient pourtant pas montré jusqu'à présent d'augmentation des pratiques à risque chez les utilisateurs. Si les Etats ne donnent pas rapidement leur aval, les gens risquent de chercher à se procurer ce médicament par d'autres moyens. Or, des dosages inappropriés, sans surveillance médicale, pourraient entraîner des phénomènes de résistance au Truvada, prévient-il.

(Source AFP)

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