(Photo : Nadine Morano)

Parmi les rares députés de droite favorables à l’homoparentalité, on trouve Nadine Morano, membre de la mission parlementaire sur la famille. Interview.

On l’a encore vu récemment, le groupe UMP de l’Assemblée Nationale est loin d’être ouvert sur les questions gay. Parmi les rares députés de droite favorables à l’homoparentalité, on trouve Nadine Morano dont le franc-parler fait plaisir à entendre. Mais de quel poids pèsera sa voix au sein de la mission parlementaire sur la famille ? Interview.

Satisfaite, soulagée presque. Nadine Morano, députée UMP de Meurthe-et-Moselle, a réussi à s’imposer comme membre de la mission (dix-huit membres, neuf hommes et neuf femmes de droite et de gauche) qui va plancher sur la famille et les droits de l’enfant dès la fin janvier. "J’ai dû me bagarrer au sein de mon parti pour être nommée, admet-elle. Le fait que je sois mariée avec trois enfants, que j’ai été scolarisée chez les sœurs et que je sois catholique pratiquante ne semblait pas suffisamment rassurant". La raison ? C’est assez simple, la députée — chose très rare dans le parti majoritaire — est favorable à l’homoparentalité, à un statut du co-parent accompagnant et à l’égalité des droits.

"Il y a des familles homoparentales dont on ne peut plus nier l’existence, et un fait : les homosexuels ont des enfants. Ces phénomènes doivent être étudiés, sans a priori, sans tabous, explique la députée. J’ai été horrifiée par les propos faisant de l’homosexualité un danger pour l’humanité et par la demande faite au Garde des Sceaux par un de mes collègues de faire appel des décisions favorables aux couples de même sexe en matière de partage de l’autorité parentale. J’ai d’ailleurs trouvé étonnant que le ministre lui-même lui donne raison. De façon plus générale, je suis surprise que la réflexion des parlementaires sur ces questions ne soit pas meilleure. Je ne suis pas là pour institutionnaliser l’homosexualité mais — c’est mon mandat et ce à quoi je crois — pour défendre l’idée que chaque citoyen est égal en droit et qu’il ne peut donc pas y avoir de sous-citoyens, ni de sous-enfants."

La députée a travaillé ses dossiers et compte venir à la mission d’information avec "des propositions d’améliorations législatives" même si elle a bien conscience qu’il devra y avoir au final consensus.
Lucide, Nadine Morano sait que les idées qu’elle défend ne sont pas majoritaires au sein de son parti. "Il s’agit pour moi d’expliquer, de faire comprendre. Comment peut-on se satisfaire que des femmes aillent en Belgique pour bénéficier de la PMA ? Ce n’est pas parce qu’on en interdit l’accès à une lesbienne en France qu’elle va devenir hétérosexuelle pour autant ! Sur ce sujet comme sur d’autres, il faut réfléchir, ne pas essayer de se mettre à la place des gens et arrêter de les juger".

Combative, la députée l’est aussi. "J’ai reçu des lettres d’insultes comme je n’en avais jamais reçues avec des extraits de la Bible après une interview sur RTL sur ce sujet, même d’un avocat parisien réputé qui me disait que j’allais "institutionnaliser des monstres". Beaucoup ont été surpris parce que je les ai rappelés pour m’expliquer avec eux. C’est inadmissible d’avoir des raisonnements aussi cons. Dans ma circonscription, certains me disent déjà qu’ils ne voteront plus pour moi. Tant pis, si je ne suis plus élue, je ferai autre chose. Je ne veux pas renier mes convictions. C’est un combat extrêmement difficile parce que la pression, comme on a pu en juger lors des récents débats à l’assemblée Nationale, elle existe vraiment".

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Jean-François Laforgerie

Mis en ligne le 28/12/04