Après un pic lié au mariage pour tous, retour à l'homophobie ordinaire - Rapport SOS Homophobie 2016

Rapport SOS Homophobie 2016

Après un pic lié au mariage pour tous, retour à l'homophobie ordinaire

Après une forte hausse liée aux débats houleux sur le mariage pour tous, les actes homophobes ont chuté en 2015 pour revenir à leur niveau de 2009 qui, loin d'être anecdotique, marque la persistance d'une "homophobie ordinaire", pointe un rapport.

E-llico.com / Actus

Après un pic lié au mariage pour tous, retour à l'homophobie ordinaire
Rapport SOS Homophobie 2016

Mis en ligne le 11/05/2016

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L'an dernier, "SOS homophobie a recueilli 1.318 témoignages d'actes (homophobes)", contre 2.197 en 2014, soit une "baisse de 40%", observe l'association dans son étude annuelle publiée mercredi. "Après les hausses spectaculaires constatées en 2012 (+27%) et 2013 (+78%, soit 3.517 témoignages), le niveau tend aujourd'hui à se rapprocher de celui des années ayant précédé les débats sur le mariage pour tou-te-s", estime SOS homophobie.

Mais un tel nombre de faits dénoncés, "au-delà des pics de témoignages reçus entre 2012 et 2014", atteste aussi "d'une homophobie et d'une transphobie durablement installées", dénonce l'association.

Rejet, harcèlement, discrimination, agressions, menaces, chantage, diffamation, insultes, outing forcé... les témoignages, recueillis par courrier, courriel et téléphone par SOS homophobie, montrent un champ très large des actes homophobes.

Les agressions physiques, bien loin de la tendance générale, ne diminuent que de 6% d'une année sur l'autre, passant de 162 à 152, selon ce rapport. Les victimes sont surtout des hommes (63%) jeunes (65% ont moins de 35 ans, quand leur âge est connu).

L'homophobie intervient six fois sur dix dans des "contextes relatifs à la vie quotidienne", note l'étude : famille, lieux publics, travail, voisinage, commerces et services ou milieu scolaire. Cette "homophobie ordinaire", "ancrée dans le quotidien", semble "acceptée par la société" et conduit certains à "se sentir libres de tenir des propos douteux", regrette Virginie Combe, la vice-présidente de l'association. Ce type d'homophobie est d'ailleurs "le plus difficile à supporter" car il est "présent en permanence, même dans les cercles proches", ajoute-t-elle.

Le plus difficile à supporter

"L'idée, c'est que des gens se font emmerder quotidiennement. Tous les jours, ils voient leurs voisins. Tous les jours, ils vont bosser", décrit Gilles Dehais, le président de la structure. "Ils vivent ça comme un harcèlement mais ne peuvent pas faire grand-chose. L'insulte privée (entre deux individus, NDLR) est très difficile à prouver", note-t-il.

Au fil du rapport surgissent ainsi des témoignages durs, comme celui d'une lesbienne de 14 ans qui entend sa mère dire : "Je préfère mon enfant mort plutôt que gouine ou PD". Une gendarme est dénoncée par deux collègues à sa hiérarchie au motif que "les lesbiennes et les PD ne devraient pas avoir la possibilité de devenir gendarmes". Un jeune gay dénonce des coups, ponctués d'un "pas de sales PD dans le quartier". Une salle de bal n'est pas louée car devrait s'y dérouler un "mariage homo". Internet reste "un véhicule énorme pour l'homophobie", observe Gilles Dehais, même si la tendance est, là encore, à la baisse, notamment car de nombreux contenus, une fois signalés, sont supprimés des plateformes.

"Autant Twitter et Facebook sont prêts à signer des chartes en Europe pour éliminer des contenus illicites, autant des plateformes et forums (moins importants), souvent français, ne font rien", déplore-t-il. 2015 s'est toutefois distinguée par de nombreux hashtags homophobes, dont #ABasLesHomosexuels ou #LesHomosNeContaminezPasNosEnfants. L'un d'entre eux, #LesHomosDoiventSeFaireSoigner, devenu particulièrement "tendance", a fini par être supplanté par son opposé : #LesHomophobesDoiventSeFaireSoigner, se félicite le rapport.

(Source AFP)

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