Le cardinal Barbarin entendu par la police à propos d'agressions pédophiles dans son diocèse - Eglise catholique

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Le cardinal Barbarin entendu par la police à propos d'agressions pédophiles dans son diocèse

Que savait le cardinal Barbarin du cas d'un prêtre lyonnais suspecté d'abus sexuels de jeunes scouts il y a 25 ans ? Son audition par la police, qui se poursuivait mercredi en fin d'après-midi, doit aider à faire la lumière sur une affaire qui empoisonne l'Eglise de France.

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Le cardinal Barbarin entendu par la police à propos d'agressions pédophiles dans son diocèse
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Mis en ligne le 09/06/2016

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Arrivé vers 08H00 à la Brigade départementale de protection de la famille, aux côtés d'un de ses avocats, Me Jean-Félix Luciani, l'archevêque de Lyon est ressorti des lieux vers 18H00, selon l'avocat qui l'a assisté devant les enquêteurs, Me Jean-Félix Luciani. Il avait été convoqué pour une audition libre - sans placement en garde à vue - dans le cadre d'une enquête préliminaire ordonnée il y a trois mois par le parquet.

Enquête qui touche ici à sa fin : il revient désormais au procureur de la République d'y donner suite ou non en classant l'affaire, en la renvoyant directement devant un tribunal ou en saisissant un juge d'instruction.

"C'est quelqu'un qui souhaitait s'expliquer depuis de nombreux mois. Depuis très longtemps, il est traîné dans la boue et, à un moment donné, on a envie de répondre", a commenté Me Luciani. "Il ne faut pas confondre le débat moral, les débats politiques ou de société avec le débat pénal, qui est une autre affaire", a-t-il ajouté.

L'audition de Mgr Barbarin, après plusieurs mois de scandale, est intervenue quatre jours après la publication d'une lettre apostolique dans laquelle le pape a ouvert la voie à la révocation d'évêques coupables de "négligence" dans leurs fonctions face à des cas de pédophilie

Récemment, le pape a cependant apporté son soutien au cardinal, en estimant que le primat des Gaules avait "pris les mesures qui s'imposaient".

Des faits anciens

L'archevêque, mis en cause pour des faits de "non-dénonciation" d'agressions sexuelles sur mineurs et de mise en danger de la vie d'autrui, s'est expliqué sur le cas du père Bernard Preynat, mis en examen fin janvier pour des agressions sexuelles commises sur de jeunes scouts entre 1986 et 1991.

Cette affaire qui vise l'une des personnalités les plus influentes de l'Eglise de France est complexe : les faits sont anciens et le cardinal Barbarin, qui assure n'avoir "jamais couvert le moindre acte de pédophilie", n'est arrivé dans le diocèse de Lyon qu'en 2002. Soit onze ans après le dernier fait retenu par la justice contre le père Bernard.

Depuis quand l'archevêque était-il au courant ? De quoi a-t-il été informé et par qui ? Pourquoi avoir laissé ce prêtre exercer dans une paroisse au contact d'enfants jusqu'en août 2015 ? Sans dénoncer les faits à la justice ?

Les réponses publiques du diocèse ont varié : évoquant d'abord un premier contact avec une victime en 2014, le cardinal a ensuite précisé avoir entendu parler de l'affaire, via un tiers, dès 2007-2008. Date qui peut avoir de l'importance, la prescription en matière de non-dénonciation étant de trois ans.

Lors d'une réunion du clergé lyonnais, le 25 avril, le cardinal a reconnu "des erreurs dans la gestion et la nomination de certains prêtres". Il a également demandé pardon aux victimes.

Omerta

Mais pour les victimes regroupées au sein de l'association La Parole Libérée, l'archevêque a bel et bien voulu étouffer les agissements de Bernard Preynat, en faisant perdurer "l'omerta" qui prévalait depuis les années 70. Au moins six des victimes ont porté plainte.

C'est le diocèse qui, en octobre, avait révélé l'enquête en cours sur le père Preynat. Mais les langues se déliant et d'autres affaires ayant refait surface, le scandale a depuis éclaboussé toute l'Eglise.

La dernière assemblée des évêques, à la mi-mars à Lourdes, a été largement consacrée aux questions de pédophilie et tout un arsenal de mesures a été annoncé depuis.

D'autres membres du diocèse de Lyon visés par les plaintes ont été entendus dans ce dossier et au moins deux perquisitions ont eu lieu à l'archevêché. Le cardinal Barbarin avait déjà été entendu comme témoin dans d'autres affaires, mais c'est la première fois qu'il répond d'accusations de non-dénonciation.

Vendredi, la cour d'appel de Lyon doit se prononcer sur la prescription des faits reprochés au père Preynat. Si elle les déclarait prescrits, la défense de Mgr Barbarin estime qu'il ne serait plus possible de poursuivre le cardinal, mais les avis juridiques divergent.

Un seul évêque français à ce jour a été condamné pour non-dénonciation, Mgr Pican en 2001, à trois mois de prison avec sursis.

(Source + photo AFP)

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