Sida
La déclaration de l'ONU, pas assez ciblée sur les populations exposées, selon la ministre française de la Santé
La ministre française de la Santé Marisol Touraine a déploré jeudi que la déclaration sur le sida adoptée mercredi par les pays de l'ONU ne mette pas davantage l'accent sur les populations les plus exposées à la contamination.
E-llico.com / Santé / VIH
La déclaration de l'ONU, pas assez ciblée sur les populations exposées, selon la ministre française de la Santé
Sida
Mis en ligne le 10/06/2016
Tags
"La France regrette que nous n'ayons pas été en mesure de prendre pleinement en compte les populations clés dans notre déclaration publique", a-t-elle souligné dans un discours devant la conférence sur le sida réunie à New York. "Nous devons toucher des populations qui sont particulièrement à risque: migrants, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, prostituées, personnes trans ou détenus", a-t-elle ensuite expliqué. Croire qu'on peut juguler l'épidémie "sans avoir une telle stratégie ciblée (..) est une illusion".
Tout en reconnaissant que la déclaration "comporte des avancées", elle a déploré que "certains pays dont la Russie fassent preuve d'une grande crispation sur ces sujets-là".
La Russie, l'Egypte, l'Arabie saoudite ou l'Iran, qui répriment l'homosexualité, ont reproché à la déclaration de concentrer l'attention sur ces populations à risque. Ces pays ont fait valoir leur souveraineté nationale en matière de santé publique ou des "valeurs religieuses et morales".
Pour Marisol Touraine au contraire, "cette approche ciblée doit s'appliquer partout dans le monde, C'est un impératif éthique, un impératif de justice, mais aussi d'efficacité". A cet égard, elle a annoncé que la France allait étendre dès vendredi la prescription d'un traitement préventif du VIH-sida, le Truvada, afin de mieux atteindre des personnes à risque et "éloignées du système de santé".
L'utilisation du Truvada est autorisée à l'hôpital en France depuis fin 2015 et 800 personnes ont déjà reçu cette prophylaxie pré-exposition en milieu hospitalier. Désormais, les médecins expérimentés qui exercent dans les 300 Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) installés en France seront autorisés à le prescrire, toujours avec une prise en charge à 100%.
Le Truvada, combinaison d'antirétroviraux du laboratoire américain Gilead, a été mis sur le marché en 2005 en tant que traitement pour les malades du sida. Il s'est ensuite avéré que, pris quotidiennement ou même quelques heures avant et après une relation sexuelle, il permettait à des personnes saines de réduire très fortement le risque d'être contaminées par le virus.
(Source + photo AFP)