bilan tragique sur le sida -  Jean-Paul II

Jean-Paul II

Bilan tragique sur le sida

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bilan tragique sur le sida
Jean-Paul II

Mis en ligne le 04/04/2005

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Que la mort du pape ait eu lieu en plein Sidaction rappelle son refus obstiné du préservatif et donc sa responsabilité dans la pandémie. Ce n’est pas le seul échec d’un pontificat marqué par l’ultra-conservatisme moral et la condamnation de l’homosexualité.

Dans le déferlement médiatique de louanges qui a accompagné la mort de Jean-Paul II samedi soir, à 84 ans, la responsabilité particulière du pape dans ce qui est "la plus grande catastrophe sanitaire de toute l’histoire de l’humanité" (selon l’Organisation Mondiale de la Santé) a été totalement occultée. Or, s’il est un point sur lequel le très long pontificat de Jean-Paul II est contestable, c’est bien la question du sida.

Son obstination, tout au long de son règne, à refuser le préservatif ("Aucune considération personnelle ou sociale n’autorise l’emploi de contraceptifs" promulgue-t-il dans une encyclique en 1988) et à prôner la seule abstinence pour lutter contre le virus ("La chasteté est l’unique manière sûre et vertueuse pour mettre fin à cette plaie tragique", dit-il en 1993) n’est pas pour rien dans la propagation du sida, notamment en Afrique où il a également accordé son soutien à des églises stigmatisant les malades du sida.

Jusqu’au bout, le pape aura été sur cette ligne, un de ses proches, le préfet du Conseil pontifical de la santé, parlant encore du sida comme d’une "pathologie de l’esprit" en décembre 2004. Comme le souligne l’ancien président de Aides, Arnaud Marty-Lavauzelle, dans "Libération", "On ne lui demandait pas de prôner le préservatif, on lui demandait de ne pas l’empêcher. Dans bon nombre de pays, l’attitude des Eglises s’est révélée catastrophique."

Le dogmatisme inébranlable de Jean-Paul II durant ses vingt-six ans à la tête de l’Eglise catholique a été le même sur les questions de mœurs, en particulier sur l’homosexualité. Un de ses derniers textes publiés en 2005, dans le livre "Mémoire et identité", rappelle ce qui aura été sa vision permanente : "Il est légitime et nécessaire de se demander s'il ne s'agit peut-être pas d'une composante d'une nouvelle idéologie du mal, peut-être plus insidieuse et plus secrète, qui tente d'opposer les droits humains à la famille et à l'homme."

Toutes les initiatives législatives à travers le monde visant à accorder des droits aux couples gay se sont ainsi heurtées à l’opposition résolue du Vatican, que ce soit le PaCS en France ou la future loi sur le mariage gay en Espagne qui provoqua une vive polémique entre l’Eglise et le gouvernement de Jose Luis Zapatero.

En fait, la position de Jean-Paul II sur l’homosexualité avait été formulée une fois pour toutes en 1986 dans une "Lettre aux évêques de l'Église catholique sur la pastorale à l'égard des personnes homosexuelles", rédigée par le cardinal Ratzinger (un des possibles successeurs du pape) : "Bien qu'elle ne soit pas en elle-même un péché, l'inclination particulière de la personne homosexuelle constitue néanmoins une tendance, plus ou moins forte, vers un comportement intrinsèquement mauvais du point de vue moral. C'est la raison pour laquelle l'inclination elle-même doit être considérée comme objectivement désordonnée." (…) "On doit éviter la supposition, injustifiée et dégradante, que le comportement homosexuel des personnes homosexuelles est toujours et absolument compulsif, et dès lors irresponsable. En réalité, il faut aussi reconnaître à ceux qui ont une tendance homosexuelle la liberté fondamentale qui caractérise la personne humaine et lui confère sa dignité particulière. En raison de cette liberté, comme en tout renoncement au mal, l'effort humain, éclairé et soutenu par la grâce de Dieu, pourra leur permettre d'éviter l'activité homosexuelle."

Si les homosexuels ne sont pas condamnés en tant qu’être humains, il leur est instamment recommandé de ne pas succomber à leur vice et de s’en tenir à une chasteté seule à même de les protéger du péché…

Cette intransigeance rigoriste et moralisatrice n’a pas empêché le pape polonais d’être beaucoup moins sévère quand il s’est agi des dérives pédophiles ayant cours au sein même de l’Eglise, notamment aux Etats-Unis. En 2002, il avait ainsi mis beaucoup de temps avant de destituer le cardinal-archevêque de Boston, accusé d’avoir couvert de nombreux prêtres pédophiles, et au lieu de l’exclure du clergé s’était contenté de le nommer prêtre à Rome. Une attitude de tolérance répétée dans plusieurs occasions qui scandalisa de nombreuses personnes jusque dans la communauté chrétienne.

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Mis en ligne le 4/04/2005



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