Le bilan noir de Jean-Paul II -

Le bilan noir de Jean-Paul II

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Le bilan noir de Jean-Paul II

Mis en ligne le 30/11/1999

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Même les gays chrétiens de David et Jonathan le reconnaissent : le long pontificat de Jean-Paul II a été marqué par une crispation ultra-conservatrice de l’Eglise sur la question homosexuelle. Et ce bilan négatif est encore pire en ce qui concerne le VIH…

Par Didier Roth-Bettoni et Jean-François Laforgerie


"Nous avons ressenti un certain soulagement à ce que ce pontificat s’achève". La formule de François Laylavoix est sèche mais bien à la hauteur des espoirs déçus des adhérents et sympathisants de David et Jonathan (les chrétiens gay et lesbiennes) dont il est le porte-parole. "Le discours en matière de morale sexuelle a été figé du fait de Jean-Paul II et de celui du cardinal Ratzinger. Il a d’ailleurs trouvé sa traduction en France avec Tony Anatrella, dont on ne doit pas oublier qu’il est aussi prêtre. Il a développé un discours extrêmement dur disant que deux homosexuels ne peuvent pas s’aimer réellement, qu’ils sont des infirmes affectifs incapables d’un amour véritable et donc incapables d’aimer Dieu correctement, explique François Laylavoix. Nous n’oublions pas qu’il y a une vingtaine d’années la théologie de la libération, dont un courant s’occupait de l’homosexualité, a été combattue alors qu’elle représente pour nous une voie de recherche pleine d’espérance. En fait, le dogme le plus intransigeant a toujours été réaffirmé avec constance et de façon forte lorsque l’Eglise catholique a vu la montée en puissance des mouvements et des revendications homos".

"Les combats incessants que Jean Paul II a mené contre le mouvement pour l’émancipation des femmes et des homosexuels restera comme l’histoire d’un échec, estime, pour sa part, l’association Warning. En France, malgré l’hostilité de la hiérarchie catholique et de ses relais à travers le pays, la loi sur le PaCS non seulement a été votée mais le couple homosexuel est maintenant accepté et reconnu comme légitime par une large majorité de la population. Dans la plupart des démocraties occidentales et en particulier dans l’Union Européenne, les droits des femmes et des homosexuels à décider librement de leur vie sont aujourd’hui protégés et ce contre l’avis du Vatican".

"Les pressions de l’Eglise exigeant des hommes politiques catholiques qu’ils s’opposent aux revendications homosexuelles sont inacceptables : heureusement que cela est peu suivi, avance David et Jonathan. Nous avons ressenti comme un abus de pouvoir les tentatives de Lustiger (l’ancien archevêque de Paris) de s’opposer à la législation pénalisant les propos homophobes".

Pour David et Jonathan, il existe un décalage entre la hiérarchie religieuse et la plupart des curés. "Par exemple, Ratzinger avait exigé de l’Eglise qu’elle interdise le prêt de ses locaux à des groupes comme le nôtre. Aujourd’hui, nous pouvons, à Paris comme dans d’autres endroits, nous réunir dans des locaux prêtés par des églises. C’est un signe modeste mais nous parions sur le fait que l’évolution de la société, l’évolution des communautés chrétiennes permettra un jour de faire bouger le discours officiel. L’Eglise a souvent fait des erreurs, elle a toujours fini par les reconnaître. Cela étant, l’arrivée d’un nouveau pape est un signe, modeste, d’espoir. Nous avons encore beaucoup de travail pour faire comprendre que ce serait bien que cela soit aussi simple d’être homo et chrétien que d’être homo et coiffeur".

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