Alors que le Parti Socialiste au pouvoir en Espagne est en passe de faire adopter par les deux chambres du parlement la loi sur le mariage des couples de même sexe et l’adoption, la comparaison est terrible avec le PS français qui accumule les retards sur ce sujet …

Bon anniversaire ! Cela fera en effet un an que le PS a lancé son travail de réflexion sur le mariage homo et l’ouverture de l’adoption aux couples de même sexe. En mai 2004, la promesse de François Hollande, le numéro 1 du parti, était alors la présentation de deux propositions de loi (une sur chacun des sujets) à l’automne 2004. Un an est passé et toujours rien en vue… du moins publiquement. Certes une commission composée de parlementaires socialistes a travaillé et même rédigé une unique proposition de loi qui traiterait de l’ensemble de ces sujets et prévoirait même des améliorations au PaCS mais celle-ci n’a toujours pas été transmise au parti et donc pas votée en bureau national comme c’était initialement prévu.

La lenteur (frilosité ?) du PS français trouble, d’autant que l’Espagne — longtemps présentée comme le parent pauvre européen dans ce domaine et aujourd’hui dirigée par les socialistes — s’affirme désormais en leader des droits des homos. Et d’aucuns regrettent que la volonté politique espagnole ne soit guère communicative. Bien entendu, il n’échappe à personne que le PS français, actuellement dans l’opposition, n’est pas en mesure de concrétiser dans l’immédiat une avancée à l’espagnole, mais l’important retard pris et l’absence actuelle de projet donnent à penser que ce sujet ne fait pas partie des priorités politiques socialistes. Et ça, c’est un problème.

"Le communiqué de presse du PS sur le mariage et l’adoption est vieux d’un an. Il a pris la poussière, tranche Alain Piriou, porte-parole de l’Inter-LGBT. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut plus s’en contenter. Nous allons demander un rendez-vous à François Hollande, et pas trois jours avant la Marche des fiertés, pour qu’on nous dise enfin ce que le PS propose de concret. Nous avons cette exigence avec la droite, il serait curieux que nous ne l’ayons pas avec la gauche. Gauche où, à part sur la question de l’homophobie, nous n’avons hélas pas vu venir grand chose depuis 2002".

L’Inter-LGBT n’est d’ailleurs pas la seule à pointer le décalage qui existe entre l’exemplarité de Zapatero et le volontarisme du Parti Socialiste espagnol — si souvent cités par le PS français — et le peu d’ardeur des socialistes hexagonaux. "Le Parti Socialiste doit tenir ses promesses du
printemps 2004, avance Act Up-Paris. Il ne peut pas à la fois critiquer le mariage de Bègles sous prétexte qu’un débat national doit être mené préalablement et ne rien faire pour que ce débat ait lieu".

Evidemment, la quasi totalité des associations LGBT, comme C’est l’bouquet ! ou Homosexualités et Socialisme, se félicitent de l’avancée historique espagnole et s’en servent pour mieux appuyer leurs exigences que les législateurs français se saisissent enfin du dossier. Certains en appellent au gouvernement — Jean-Luc Romero ou Act Up par exemple — mais sans illusion aucune. D’autres misent sur une alternance lors des prochaines législatives et présidentielles. Une chose est sûre, tous attendent des engagements concrets avant 2007.

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jean-françois laforgerie