
Projet de loi
PMA sans père contre PMA pour toutes: les deux camps s'affrontent
"PMA sans père" contre "PMA pour toutes" : opposants et défenseurs de l'extension de la PMA à toutes les femmes peaufinent leurs arguments à l'aube des débats parlementaires autour du projet de loi bioéthique.
E-llico.com / Actus
PMA sans père contre PMA pour toutes: les deux camps s'affrontent
Projet de loi
Mis en ligne le 27/06/2019
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Projet de longue date repoussé maintes fois, promesse de campagne d'Emmanuel Macron, l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux femmes seules et aux couples de lesbiennes a fait couler beaucoup d'encre entre ceux qui y voient un progrès social et ceux qui considèrent qu'elle augure une dérive du modèle familial traditionnel.
La PMA est actuellement réservée aux couples hétérosexuels "en âge de procréer", dont au moins un des membres est stérile ou porteur d'une maladie grave, susceptible d'être transmise au conjoint ou à l'enfant. Le projet de loi bioéthique attendu fin juillet en Conseil des ministres et à l'Assemblée nationale fin septembre prévoit de l'étendre à toutes les femmes.
Selon le mouvement La Manif pour Tous, qui a adressé mercredi une lettre ouverte au président Emmanuel Macron pour l'interpeller sur "les conséquences de la PMA", "un tel projet de loi serait une injustice terrible pour les enfants", créerait des "orphelins de père" et serait le cheval de Troie de la GPA (gestation pour autrui) "déjà sur la scène", selon sa présidente Ludovine de la Rochère.
L'association, née au moment du débat sur le mariage homosexuel et qui avait rassemblé des milliers de personnes dans les rues pour s'opposer au mariage pour tous légalisé en 2013, compte revenir sur le devant de la scène à l'occasion de l'examen au parlement du projet de loi bioéthique. Elle reste néanmoins floue sur les mobilisations prévues dans les semaines à venir.
Au sein des associations LGBT, le souvenir des manifestations de 2013 est encore vif et douloureux. "En 2013, au moment du débat autour du mariage pour tous il y a eu une explosion des actes homophobes", rappelle Joël Deumier, co-président de SOS Homophobie dont le rapport annuel rapportait une hausse de 78% des actes LGBTphobes sur la période 2012-2013.
"Les études récentes sur les familles homoparentales montrent que les enfants vont bien", soutient en outre Nicolas Faget, porte-parole de l'Association des parents gay et lesbiens (APGL).
Le gouvernement espère cette fois un débat qui ne clive pas la société. Pourtant, de chaque côté, les arguments sont aiguisés, accompagnés d'une bataille de chiffres. Un sondage de l'Ifop pour l'Association des familles homoparentales estime que 64% des Français sont favorables à ce que "les couples de femmes homosexuelles désirant un enfant puissent avoir recours à la PMA".
Mais selon un second sondage de l'Ifop, cette fois-ci commandé par Alliance Vita, association anti-IVG également opposée à la PMA, 55% des Français ne jugent pas "justifié" de "priver de père un enfant naissant d'une PMA, pour répondre aux souhaits de femmes célibataires ou de couples de femmes".
"Il y a deux blocs d'un poids identique dans l'opinion, qui constituent les deux noyaux durs, chacun aux alentours de 40% des Français qui, quel que soit le libellé de la question, ne vont pas changer de réponse", explique Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l'Ifop. "Et il y a 20% de la population qui va osciller dans ses réponses en fonction de l'argumentaire proposé", poursuit le politologue. "Tout l'enjeu est d'arriver à imposer son point de vue".
Du côté de la Manif pour Tous, pas de doute : "la société n'est pas prête", estime Ludovine de la Rochère qui compte sur "le soutien de tous les Français qui réalisent encore qu'un enfant ne peut pas avoir deux mamans". Dans une interview publiée jeudi au journal La Croix, le nouveau président de la Conférence des évêques de France Eric de Moulins-Beaufort a rappelé l'opposition de la CEF à la PMA. "L'émergence de la vie humaine est l'étreinte d'un homme et d'une femme", a-t-il déclaré.
"Je pense que les responsables religieux, politiques et associatifs rejoindront une mobilisation pour défendre l'enfant", espère la présidente de La Manif pour Tous qui en 2013 a pu compter sur la mobilisation de milieux catholiques.
"Derrière ce pseudo-discours de protection de l'enfance se cache beaucoup de LGBTphobie", fustige Clémence Zamora-Cruz, porte-parole de l'Inter-LGBT. "Je ne pense pas que des alliances politiques puissent encore se faire contre les droits des autres", espère-t-elle néanmoins.
Rédaction avec AFP
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