
Pédocriminalité dans l'Église
Le cardinal Barbarin relaxé en appel pour ses silences, mais sur le départ
La Cour d'appel de Lyon a relaxé jeudi le cardinal Philippe Barbarin, jugé pour ses silences sur les abus sexuels passés d'un ex-prêtre du diocèse.
E-llico.com / Actus
Le cardinal Barbarin relaxé en appel pour ses silences, mais sur le départ
Pédocriminalité dans l'Église
Mis en ligne le 31/01/2020
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Eglise catholique Justice Lyon Mgr Barbarin Pédophilie
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Le cardinal Barbarin fixé sur son sort judiciaire jeudi
Le 7 mars dernier, le tribunal correctionnel avait condamné l'archevêque de 69 ans à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les agressions sexuelles commises par Bernard Preynat sur de jeunes scouts entre 1971 et 1991.
En première instance, les juges avaient estimé qu'en ne dénonçant pas à la justice les actes qui lui avaient été rapportés par une victime en 2014, Philippe Barbarin avait choisi de "préserver l'institution".
Le Primat des Gaules en titre, dont le pape a refusé la démission, avait immédiatement interjeté appel, ne s'estimant pas coupable devant la justice des hommes - il avait en revanche demandé "pardon pour (ses) propres fautes" lors d'une messe.
Lors du procès en appel fin novembre, l'avocat général Joël Sollier avait réclamé la relaxe, dissociant le "cas individuel" du cardinal Barbarin et les "fautes morales et pénales" commises par l'Église face à la pédocriminalité dans ses rangs.
Devenu le symbole des silences de l'Église face à la pédophilie, le cardinal Philippe Barbarin va néanmoins quitter l'archevêché de Lyon avec l'image d'un homme aux positions ultra-conservatristes, dont l'intransigeance a fait grincer des dents jusqu'au sein du diocèse.
Jeudi devant la presse, le prélat a annoncé qu'il allait proposer une nouvelle fois sa démission au pape.
Arrivé à Lyon en 2002 avec l'image d'un prélat dynamique, le Primat des Gaules voit son destin basculer en 2015 lorsqu'éclate l'affaire Preynat. Cet ex-prêtre du diocèse de Lyon, dont le jugement est attendu le 16 mars, est suspecté d'avoir abusé sexuellement de nombreux scouts entre 1971 et 1991.
Le scandale éclabousse toute l’Église et devient vite l'affaire Barbarin quand des témoins affirment que le cardinal savait mais n'a rien dit à la justice, et l'assignent en justice. Un premier couperet tombe avec la condamnation du prélat à six mois de prison avec sursis.
L'archevêque de 69 ans se rend dans la foulée à Rome pour remettre sa démission au pape mais ce dernier la refuse au nom de la "présomption d'innocence".
Une décision vue d'un mauvais œil par une partie des prêtres lyonnais, qui réclamaient déjà le départ de l'archevêque. Un vicaire épiscopal de la Loire a même démissionné de ses fonctions en signe de désapprobation.
Depuis, le climat était resté "très lourd" dans le diocèse, confie un prêtre sous couvert d'anonymat, regrettant le "mauvais message" envoyé par un archevêque décrit comme "très autoritaire" et "décidant seul".
Malgré sa relaxe jeudi, le départ du cardinal semblait inéluctable pour le président de l'association de victimes La Parole libérée, François Devaux. "Je pense que moralement ce serait difficile que Philippe Barbarin continue d'occuper ses fonctions. C'est une faillite morale."
Rédaction avec AFP
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