Trump en quête d'un angle d'attaque (et d'un surnom) pour Buttigieg - Présidentielle américaine

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Trump en quête d'un angle d'attaque (et d'un surnom) pour Buttigieg

Joe Biden, Elizabeth Warren, Bernie Sanders: Donald Trump aime ridiculiser ses potentiels adversaires démocrates, surnoms moqueurs à l'appui. L'un d'eux, pourtant, échappe pour l'heure à ses foudres: Pete Buttigieg.

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Trump en quête d'un angle d'attaque (et d'un surnom) pour Buttigieg
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Mis en ligne le 13/02/2020

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"Bootedgeedge (Buttigieg) a de très bons résultats ce soir. Il donne du fil à retordre à Bernie-le-dingue. Très intéressant !": le ton de Donald Trump sur Twitter, mardi soir, à l'issue de la primaire du New Hampshire, était notoirement mesuré pour un président qui manie volontiers l'injure.

Ne voyait-il pas jusqu'ici "Mayor Pete" comme un candidat crédible ? A-t-il du mal à trouver l'accroche face à ce nouveau visage dans le paysage politique américain, presque deux fois plus jeune que lui, qui tend sans détour la main aux indépendants et aux "futurs ex-républicains" ?

Pour l'historien Julian Zelizer, de l'université de Princeton, cela ne fait aucun doute, si l'ancien maire de South Bend poursuit sur sa lancée, il deviendra bientôt, lui aussi, une cible de choix.

"Dès que Trump identifie une menace, il attaque", explique-t-il. "Il va surveiller de près et, si sa progression se confirme, il se lâchera".

Reste à déterminer l'angle d'attaque que le magnat de l'immobilier privilégiera face à Pete Buttigieg.

Son nom difficile à prononcer ?

Donald Trump a déjà joué cette carte sur les estrades de campagne, faisant mine de buter sur son patronyme. Mais l'ancien élu de South Bend avait, dès l'annonce de sa candidature, déminé le terrain en donnant des conseils amusés de prononciation à ceux qui le découvraient.

Son manque d'expérience ?

Pete Buttigieg n'a jamais été élu au Congrès et son expérience se limite à la gestion, pendant huit ans, de la ville de 100.000 habitants où il est né.

Donald Trump pourrait être tenté de reprendre à son compte cet argument largement utilisé par les adversaires démocrates de l'ancien maire. Mais il devra aussi se méfier.

"J'ai fait face à des situations autrement plus difficiles qu'un tweet plein de fautes de frappe", répète le jeune candidat, qui rappelle qu'il a servi sous les drapeaux, en Afghanistan.

"Je suis prêt à affronter Donald Trump parce que lorsqu'il jouera les durs, il devra expliquer, debout à côté d'un vétéran, comment il a pu faire croire qu'une excroissance osseuse l'empêchait de servir sous les drapeaux", lançait-il en janvier, dans une référence aux nombreux reports d'incorporation obtenus par le milliardaire républicain pour ne pas être envoyé au Vietnam.

La religion ?

L'appel du pied de "Mayor Pete" à l'Amérique chrétienne n'a pas échappé à Donald Trump qui ne veut pas laisser échapper ce solide bloc qui a joué un rôle central dans sa victoire de 2016.

Début janvier, devant des centaines d'évangéliques rassemblées à Miami, il avait ironisé sur son positionnement: "Il est soudain devenu extrêmement religieux, il y a deux semaines....".

La réponse de Buttigieg avait été cinglante: "J'ai au moins la certitude d'être croyant depuis plus longtemps qu'il est républicain".

Son homosexualité ?

Face au premier candidat ouvertement homosexuel ayant une chance d'obtenir la nomination d'un grand parti, jusqu'où ira Donald Trump ?

"Rien n'est hors limites pour ce président", souligne Julian Zelizer. "Cela pourrait provoquer un retour de bâton même si nous l'avons vu franchir des lignes rouges sans la moindre réaction au sein de son parti".

"Si Buttigieg est le candidat démocrate, la question du mariage gay sera assurément au coeur des débats", estime Larry Sabato, professeur de sciences politiques à l'Université de Virginie. "Mais Trump peut laisser les leaders évangéliques faire le sale boulot", ajoute-t-il.

Un surnom ?

Reste la question, centrale dans la stratégie de Donald Trump, du surnom. L'outil est peu présidentiel mais redoutablement efficace auprès de sa base électorale.

"Crooked Hillary", "Lyin' Ted", "Sleepy Joe", "Crazy Bernie", "Shifty Schiff", "Cryin' Chuck", "Pocahontas", "Mini-Mike": tous ses opposants, républicains comme démocrates ont eu droit à ces formules qui font mouche (mais perdent en rythme et en sonorité lorsqu'elles sont traduites dans d'autres langues).

"J'ai des petits surnoms pour chacun d'entre eux", assurait Donald Trump, ravi, il y a quelques jours. L'affirmation était erronée. Pete Buttigieg y a jusqu'ici échappé.

Au printemps 2019, le président septuagénaire avait tenté une comparaison avec Alfred E. Neuman, le nom du garçon au large sourire et aux oreilles décollées dont le dessin a orné pendant des années la une du magazine humoristique "Mad".

Ce fut un flop: la référence ne s'adressait pas à tout le monde, et "Mayor Pete", 38 ans, n'a pas laissé passer l'occasion.

"Je vais être honnête, j'ai été obligé de le Googler", avait-il répondu. "Je pense que c'est juste un truc générationnel, je n'ai pas saisi la référence..."

Rédaction avec AFP

 

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