Christophe Girard entendu comme témoin par les enquêteurs - Affaire Matzneff

Affaire Matzneff

Christophe Girard entendu comme témoin par les enquêteurs

Christophe Girard, adjoint à la Culture d'Anne Hidalgo à la mairie de Paris, a été entendu plusieurs heures mercredi en tant que témoin par les policiers en charge de l'enquête "pour viols sur mineur" qui vise l'écrivain Gabriel Matzneff.

E-llico.com / Actus

Christophe Girard entendu comme témoin par les enquêteurs
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Mis en ligne le 04/03/2020

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Christophe Girard s'est présenté vers 15 heures à l'Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP) à Nanterre, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les enquêteurs s'intéressent notamment au soutien financier dont l'écrivain a bénéficié dans les années 80 de la part de la Maison Yves-Saint Laurent, dont Christophe Girard a été secrétaire général entre 1986 et 1987 aux côtés et sous l'autorité de Pierre Bergé.

L'éditrice Vanessa Springora a publié début janvier un roman autobiographique, "Le consentement", dans lequel elle dénonce les ravages de sa relation sous emprise avec l'écrivain Gabriel Matzneff, pédophile revendiqué, dans les années 80.

C'est au lendemain de la publication de ce témoignage, le 3 janvier, qu'une enquête pour "viols sur mineurs" a été ouverte par le parquet de Paris.

Les enquêteurs ont depuis procédé à plusieurs perquisitions, notamment chez Gallimard, l'un de ses éditeurs, au domicile parisien ainsi qu'à l'hôtel italien où réside actuellement celui qui revendiquait dans ses livres son attirance pour les "moins de 16 ans" et pour le tourisme sexuel avec des petits garçons en Asie.

Dans un article intitulé "Un écrivain pédophile sur le banc des accusés. Et les élites françaises aussi", le New York Times a rappelé le 11 février comment Christophe Girard avait, en 1987, apporté une aide financière à Gabriel Matzneff au nom d'Yves Saint Laurent.

L'auteur lui-même a écrit dans "La prunelle des mes yeux", son journal des années 1986-1987, que Christophe Girard, alors Secrétaire général de la Maison Yves-Saint Laurent, lui avait annoncé que la maison de couture financerait, "aussi longtemps qu'il le souhaite", les frais de l'hôtel dans lequel il vivait à l'abri des regards dans le quartier de Saint-Germain-des-Près.

Gabriel Matzneff, longtemps toléré voire encensé dans le monde littéraire parisien, voyait régulièrement dans cet hôtel Vanessa Springora, alors âgée de 15 ans.

Interrogé récemment par l'AFP, Christophe Girard avait nié toute proximité avec Gabriel Matzneff. "La personne avec laquelle je vis depuis 25 ans ne l'a jamais rencontré", avait-il dit. "Un ami proche c'est quelqu'un qui part en vacances avec vous, qui dîne chez vous, chez qui vous allez. Eh bien, ce n'est pas le cas !".

"Nous ne savions rien" des faits aujourd'hui reprochés à l'écrivain, s'est-il encore expliqué. Mais à l'Hôtel de Ville, on suit depuis plusieurs semaines d'un oeil inquiet une affaire que le camp Hidalgo se serait bien épargnée à quelques jours des élections municipales (15 et 22 mars).

"On a traité l'affaire en haut lieu. Christophe Girard s'en est entretenu avec Anne (Hidalgo), Emmanuel Grégoire (directeur de campagne) et Jean-Louis Missika (président de la plateforme de campagne)", confie à l'AFP un proche de l'édile.

L'histoire a également interpellé ses colistiers du XVIIIe arrondissement, où Christophe Girard est candidat en cinquième position. Au cours d'une réunion dans ce secteur il y a deux semaines, le ton est monté. "La jeune génération ne comprenait pas qu'il y a 30 ans, je n'ai pas dénoncé. J'ai fait de la pédagogie. J'ai expliqué... et vous pouvez vérifier, la liste n'a pas bougé", a affirmé Christophe Girard à l'AFP.

Selon un proche de la maire de Paris, Christophe Girard a indiqué lors des réunions de crise avoir "obéi aux ordres de Pierre Bergé", compagnon d'Yves Saint Laurent et cofondateur de sa maison de couture, qui lui avait demandé de régler l'hôtel de Gabriel Matzneff. "Ca ne fait pas de lui un complice de pédophilie", estime cette source.

Pierre Bergé, décédé en 2017, "aidait beaucoup de gens, connus et inconnus. Mon rôle, c'était d'annoncer la bonne nouvelle à celle ou celui qui était dans la merde", a affirmé à l'AFP Christophe Girard.

La difficulté des récits de Christophe Girard, c'est qu'"il fait parler des morts, c'est la force et la fragilité" de ses explications, commente un responsable de l'Hôtel de Ville. Pour un autre responsable politique proche d'Anne Hidalgo, Christophe Girard est "une excellente victime expiatoire dans ce règlement de comptes d'une génération avec une autre, en l'occurrence la génération 68".

Rédaction avec AFP

 

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