Jésus est pédé
Le Conseil d'Etat juge que la chanson satirique visait à critiquer les attitudes de discrimination
Le Conseil d’État estime que la chanson humoristique "Jésus est pédé", diffusée sur France Inter dans l'émission "Par Jupiter" en 2020 et jugée choquante aussi bien par l'extrême droite que l'association LGBT Idaho, "visait à critiquer les attitudes de discrimination".
E-llico.com / Actus
Le Conseil d'Etat juge que la chanson satirique visait à critiquer les attitudes de discrimination
Jésus est pédé
Mis en ligne le 11/05/2021
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En janvier 2020, une chanson humoristique, "Jésus est pédé", diffusée dans l'émission de France Inter "Par Jupiter", avait suscité une polémique.
Cette parodie de la chanson "Jésus revient" se voulait une réaction à la tentative de censure exercée au Brésil sur "La première tentation du Christ".
"Jésus, Jésus, Jésus est pédé, j’vois pas pourquoi ça dérangerait", chantait l'humoriste Frédéric Fromet dans son titre de plus de deux minutes. Avant d'ajouter quelques instants plus tard : "Jésus, Jésus, Jésus est pédé, membre de la LGBT, du haut de la croix pourquoi l’avoir cloué, pourquoi ne pas l’avoir enculé".
A la fin du morceau, Charline Vanhoenacker a rappelé que "le droit au blasphème est un droit, qui si on ne l’utilise pas s’use, et qu’on est Charlie".
"Les 'rebelles' de notre époque: pleutres, soumis, sans talent. Et puis, à taper comme un sourd sur la religion catholique, on ne risque pas la rafale de Kalachnikov ou l’égorgement...”, avait tweeté le maire de Béziers, élu en 2014 avec le soutien du Front national.
Nadine Morano, eurodéputée LR s’en était pris quant à elle à la "bêtise crasse" de Frédéric Fromet, et avait appellé la patronne de France inter, Sibyle Veil, à sévir.
Du côté du Rassemblement national, l’eurodéputé RN Jérôme Rivière avait fustigé dans un tweet "la provocation à deux balles" de l’humoriste.
Plus étonnant, l'association LGBT, le comité Idaho France, s'était dite choquée, expliquant : "Que Jésus, Mahomet ou Bouddha soient homosexuels, trans, bisexuels ou queer ne nous dérange pas, que les jurons homophobes soient utilisés pour parler de leurs orientations sexuelles nous dérange et nous choque".
France Inter s'était immédiatement excusée, comme l'auteur du morceau qui avait assuré n'avoir eu pour but que de dénoncer l'homophobie.
Le CSA, qui avait reçu des saisines, avait estimé que ces propos "n'excédaient pas les limites de la liberté d'expression, dont il est le garant et qui vaut aussi pour les idées polémiques qui heurtent, choquent ou inquiètent".
Saisi de la'ffaire, le Conseil d'État a lui aussi estimé que la chanson d'Inter contenait des termes "souvent obscènes et grossiers", mais que "la diffusion de cette chanson, qui visait à critiquer les attitudes de discrimination à l'égard des personnes homosexuelles et dont les termes ne comportaient aucun encouragement à la discrimination envers un groupe de personnes déterminé à raison de leur religion, s'inscrivait dans le cadre d'une séquence à vocation explicitement satirique".
Selon cette juridiction, les propos incriminés "ne peuvent être regardés ni comme excédant les limites de la liberté d'expression ni, s'agissant de la société nationale de programme qu'est la société Radio France, comme caractérisant une méconnaissance par cette société de son obligation légale de concourir à la cohésion sociale et à la lutte contre les discriminations".
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