Médias
Cyril Hanouna se mêle de politique
Comme ses émissions, son nom fait débat: Cyril Hanouna éxaspère autant qu'il séduit et fait tomber son masque d'amuseur populaire dans l'ouvrage "Ce que m'ont dit les Français", où il développe ses convictions et son projet de ramener son public dans les bureaux de vote pour l'élection présidentielle.
"Je n'ai pas de camp, je ne roule pour personne", tranche l'animateur phare de C8, chaîne du groupe Canal+, dans son premier ouvrage, coécrit avec l'éditorialiste Christophe Barbier, à paraître mercredi chez Fayard. S'il ne brigue pas la fonction présidentielle - "le pire métier du monde", d'après lui - le présentateur et producteur entend "faire 'campagne pour la campagne'", se fixant même pour objectif de faire reculer l'abstention de vingt points, écrit-il.
Pour ce faire, "Baba", son surnom qui rappelle ses origines juives tunisiennes, va partir en tournée "dans ces villes que l'on voit rarement à la télévision", particulièrement dans des régions fortement abstentionnistes où ses émissions sont très suivies. Un constat qu'a fait jeudi soir sur le plateau de "Touche pas à mon poste" (TPMP) son éditrice Isabelle Saporta - également compagne de Yannick Jadot, candidat écologiste à l'élection présidentielle - qui a convaincu l'animateur de prendre la plume et l'accompagne désormais dans ce projet.
Pourquoi un tel engagement ? "J'ai rencontré beaucoup de gens mécontents, je me suis dit que le meilleur moyen c'était qu'ils prennent leur destin en main et aillent voter le plus nombreux possible en avril prochain", explique Cyril Hanouna. "C'est aussi le moment de faire dialoguer dans l'émission certaines personnes qui ne se rencontrent jamais et sont toujours vraiment en antagonisme", ajoute l'animateur qui rassemble en moyenne 1,3 million de téléspectateurs devant TPMP.
Sanctionné par le régulateur de l'audiovisuel à plusieurs reprises pour des dérapages jugés sexistes ou homophobes, l'animateur revendique désormais être dans "la médiation" tout en assurant: "les excès, ce sera jamais fini". "Je reste toujours dans l'excès, même dans le débat, mais j'évolue comme la société", poursuit-il. "Il y a des choses que j'ai pu faire par le passé que je ne regrette pas du tout, après il y a des choses que je ne referai peut-être pas parce que ce n'est plus dans l'air du temps".
"Liberté totale" de ton
TPMP "reste un divertissement mais aussi un espace d'échanges qu'on ne voit pas ailleurs", soutient ce mordu des réseaux sociaux suivi par 6 millions d'abonnés sur Twitter. Gilets jaunes, port du voile, violences policières, antispécistes, complotistes, droit au blasphème: Cyril Hanouna passe en revue dans son ouvrage les débats inflammables tenus sur ses plateaux et expose ses stratégies. L'homme fort de C8 croit à la "discussion franche" en mode combat de boxe - un sport qu'il pratique - pour "faire avancer les choses" et "repartir sur des bases saines". Et défend le fait de donner la parole à tous, y compris aux opinions discutables, pour mieux les passer à l'épreuve du direct.
"C'est bien de faire un face caméra où on crie au complot pendant une minute mais quand on doit tenir en plateau en face de contradicteurs pendant une demi-heure, il y en a souvent qui se retrouvent sur la bande d'arrêt d'urgence en se disant 'on était mieux devant notre téléphone à la maison'", relate-t-il à l'AFP.
Concernant CNews, chaîne d'information du groupe Canal+ aux opinions ultra-conservatrices, Cyril Hanouna préfère répondre par l'existence de ses deux émissions TPMP et "Balance ton poste", "où l'on donne la parole à tout le monde". Elles sont "les plus puissantes du groupe" et témoignent que "toutes les opinions sont représentées" à Canal+, soutient l'animateur, proche de la famille Bolloré. "J'ai une liberté totale qui fait qu'aujourd'hui je suis heureux d'être ici, et si je ne l'avais pas, je n'aurais pas continué", garantit-il.
Aux commandes de TPMP depuis près de 12 ans, Hanouna, qui prépare dès 6 heures du matin son émission et la façonne au fil de la journée en sollicitant ses followers sur Twitter, dit n'être "pas sûr d'aller au-delà des 15 ans". A 47 ans, il envisage la suite engagé dans son association "Mon ami Poto", un fonds solidaire, tout en restant dans les médias: "j'adore faire les grilles de programmes", lâche-t-il, mine de rien.
Rédaction avec AFP
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