Derrière "Nono le barjot", "marrant" et "serviable" selon ses anciens amis, se cachait "Nono le malheureux", a lui-même analysé l'accusé devant la cour. "Je l'ai connu gentil, adorable, attentionné, aimant et l'autre partie, il peut être impulsif, menteur, dans la manipulation, colérique", décrit une ancienne compagne. "Avant d'être le meurtrier, c'était notre pote Nono (...) L'autre Nordahl, je ne le connais pas", dit un ex ami.

L'ancien maître-chien, déjà condamné en mai 2021 pour avoir tué le caporal Arthur Noyer en avril 2017, est jugé depuis lundi pour la mort, quatre mois plus tard, de Maëlys, huit ans. Il comparaît aussi pour des agressions sexuelles sur deux petites-cousines de quatre et six ans, le même été.

Enfant "sans difficulté", adulte "intelligent", plaisant aux femmes, il avait pourtant "toutes les armes en main", selon son avocat Me Alain Jakubowicz. Mais il dit partir à la dérive après son échec à l'armée, où il s'était engagé à 17 ans, persuadé de rejoindre "l'élite de la France". Malgré des capacités physiques saluées au départ, il supporte mal l'autorité, déchante et finit par être réformé quatre ans plus tard.

"Café, clope, cocaïne, sites porno"

Entre petits boulots, arrêts maladie en série et relations sentimentales dans lesquelles il ne parvient pas à "s'investir", ce passionné de chiens malinois "s'éparpille", plonge dans les addictions, se dit "perdu". Sa "journée-type" à l'époque? "On se lève tard, ça peut être 9H00 comme 14H00, café, clope, cocaïne, sites pornos", détaille-t-il dans le box.

Comme lors du procès Noyer, la "coloration sexuelle" de l'affaire occupe une large place: à Chambéry, ses aventures homosexuelles avaient été scrutées, mais à Grenoble, les débats tournent souvent autour d'éventuelles orientations pédocriminelles.

Avocats de la défense et des parties civiles ont ferraillé à plusieurs reprises sur les vidéos qu'il consulte, jusque récemment en détention: pédopornographiques ou non ? "En filigrane, la question est toujours la même, c'est la question du rapport à la sexualité, à l'attirance pour les jeunes filles et in fine à la dangerosité de Nordahl Lelandais", estime l'avocat de la mère et de la soeur de Maëlys, Me Fabien Rajon, évoquant une personnalité "clivée".

Côté défense, Me Alain Jakubowicz s'insurge: "Pédophile ? Il y a eu une enquête, on a exploité ce qu'il a consulté jusqu'à la moindre virgule" sur un téléphone illégalement obtenu en prison. Sans trouver de "contenu à caractère pédopornographique", soutient-il. 

"Tenir tête"

Un temps soupçonné d'autres disparitions, Nordahl Lelandais a aussi été parfois présenté comme un possible "serial killer". "Rien ne permet de l'affirmer, rien ne permet de l'infirmer", a déclaré au procès le directeur d'enquête, provoquant l'ire de Me Jakubowicz, ce dernier jugeant "terrifiant" que le gendarme n'ait "pas l'honnêteté intellectuelle de dire qu'il n'est pas un tueur en série".

Plusieurs de ses anciens amis appelés à témoigner ont assuré être tombés des nues en découvrant sa part d'ombre. "Il nous a bernés comme il a berné tout le monde, même les amis les plus proches", déplore l'un d'eux. "Nono, il fait le foufou, il rigole et je me suis mis en tête de ne pas leur montrer que je n'étais pas bien", avance l'accusé pour justifier cette duplicité au moment où il s'égarait.

Capable de "tenir tête même si ce n'est pas vrai" devant ses proches, Nordahl Lelandais a agi de même avec les enquêteurs qui se heurteront à ses dénégations durant six mois, après la disparition de Maëlys. "Il est dans une posture où il ment avec tout le monde", assure une ex. Pour un ancien ami, son rapport au mensonge est tel qu'il ne dira "jamais à 100%" la vérité.

Rédaction avec AFP

> PUBLICITE <