Cinéma
Viens, je t'emmène au pays d'Alain Guiraudie
"Viens, je t'emmène, au pays des vents, au pays des fées", chantait France Gall. A l'icône de la variété française, le réalisateur Alain Guiraudie a emprunté le titre, mais pas l'esprit, pour un portrait de la France d'aujourd'hui entre terrorisme, désir et paranoïa.
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Viens, je t'emmène au pays d'Alain Guiraudie
Cinéma
Mis en ligne le 25/02/2022
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Après "Rester Vertical" (2016), plongée crue et onirique dans la ruralité, et "L'inconnu du lac" (2013), thriller aux abords d'un lieu de drague gay, le cinéaste de 57 ans a choisi cette fois de se plonger en milieu urbain, à Clermont-Ferrand, pour ce "Viens, je t'emmène", en salles mercredi.
Clivant, sans concession, au risque de paraître brouillon, le film est pensé comme une comédie "sur la difficulté qu'on a à se comprendre, à s'entendre", entre "les communautés et les classes sociales" a expliqué Alain Guiraudie, engagé à gauche et proche des communistes, à l'AFP lors de la Berlinale, où il était présenté.
Ce film suit une galerie de personnages dessinée par Guiraudie, autour de la figure de Médéric (Jean-Charles Clichet), joggeur candide et auto-entrepreneur dans le numérique. Il tombe raide amoureux d'une prostituée quinquagénaire, Isadora (Noémie Lvovsky), battue par son mari, qu'elle n'a aucune intention de quitter.
Une paranoïa s'empare de la ville lorsqu'un commando djihadiste commet un attentat en centre-ville. Un suspect parvient à s'enfuir, jetant le soupçon sur tous les jeunes hommes d'origine arabe. Parmi eux, Selim (Iliès Kadri), un sans-abri d'une vingtaine d'années, qui trouve refuge dans l'immeuble de Médéric. Ce qui ne manque pas de diviser les habitants des lieux, tiraillés entre peur et altruisme.
"Je traite la théorie du grand remplacement avec une certaine dérision", déclare Alain Guiraudie, qui se dit "très français moyen dans la tête". "Au-delà, le film traite de la façon dont (le terrorisme) a influé sur nos vies, quelque chose de plus profond dans la société que juste le choc des attentats", ajoute le réalisateur, qui a dessiné des personnages pétris de contradictions, jamais là où on les attend.
Parmi ces conséquences, la "peur du musulman" et le renforcement des préjugés envers "l'autre, celui qui n'a pas la même couleur de peau", et les jeunes d'origine magrébine en particulier: "l'autre est un objet d'inquiétude mais aussi de désir, est-ce qu'il nous veut du bien ou du mal, c'est une grande question", souligne le réalisateur.
Rédaction avec AFP
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