Justice
Décision en juin pour deux policiers jugés pour des propos racistes et homophobes sur Facebook
Le tribunal correctionnel de Paris rendra sa décision le 22 juin concernant deux policiers jugés pour avoir publié en 2020 des messages soupçonnés d'être racistes et homophobes dans un groupe Facebook appelé "TN Rabiot Police officiel" fort de 8.000 membres.
E-llico.com / Actus
Décision en juin pour deux policiers jugés pour des propos racistes et homophobes sur Facebook
Justice
Mis en ligne le 21/04/2022
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Le parquet de Paris avait cité à comparaître Patrick C. et Fabrice D-P, un brigadier et un gardien de la paix membres du groupe Facebook "TN Rabiot Police officiel", pour "injure publique à caractère racial", et le second également pour "provocation publique à la discrimination".
Seul prévenu présent à l'audience, Patrick C., brigadier de 44 ans, se voyait reprocher ce commentaire : "Ce pays est vraiment devenu la poubelle du monde... Plein le cul vraiment, et on se demande pourquoi les Français ne supportent plus l'immigration." "Ca continue par rentrer par tous les trous", ajoutait-il, évoquant une "immigration ni choisie, ni qualifiée, ni rien du tout".
A l'audience, face aux associations parties civiles (Licra, Maison des potes, SOS Racisme) dénonçant une "chosification" des immigrés, Patrick C. a concédé une réaction "émotionnelle" à l'attentat de Romans-sur-Isère, en avril 2020, selon lui un "télescopage entre un réfugié soudanais", auteur de l'attaque, "et la verte campagne française, qui m'a frappé plus que d'autres drames".
Son commentaire Facebook "(n')est pas tellement passé par les filtres du cerveau", a-t-il résumé. Tout en se disant par ses propos "porte-parole du choc face à l'immigration irrégulée", ce policier en poste dans le Sud-Ouest et sans avocat a rejeté toute infraction.
L'autre prévenu, Fabrice D-P, gardien de la paix de 51 ans en disponibilité de la police, ne s'est pas présenté à l'audience : il apparaît sur Instagram comme travaillant dans un club sur une île du golfe de Thaïlande.
Il aurait dû comparaître pour avoir écrit "Toujours la même merde qui brave tous les interdits dans ce pays. Les 'gauchiasses' puants et les immigrés qui ne fer(ont) même pas 1/10e du quart de ça chez eux. Comme Trump ! Il a dit du plomb !" Des propos "orduriers et inacceptables", s'est désolidarisé son collègue Patrick C.
La représentante du parquet a requis trois mois d'emprisonnement avec sursis pour Patrick C., et une amende de 9.000 euros à payer sous 90 jours pour le second, soit "une sanction plus sévère".
Alors que le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner avait signalé ce groupe à la justice face aux "centaines" de messages racistes, sexistes et homophobes, ainsi que des appels au meurtre dénoncés par Streetpress en juin 2020, Patrick C. s'est inquiété que l'on fasse un "exemple" de son cas : "J'ai quand même la désagréable impression que je vais prendre pour tout le monde."
Deux autres policiers entendus au cours de l'enquête n'étaient pas cités à comparaître, tandis que deux autres membres du groupe, ciblés par le parquet, n'avaient pu être identifiés. Me Nicolas Nef Naf, avocat de Sos Racisme a dit sa "déception" que "quantitativement", l'audience avec un seul prévenu ne donne "pas la représentation du défouloir de haine" qu'aurait été le jugement du groupe. De son côté, la procureure a estimé que la médiatisation du dossier avait entravé l'enquête.
Rédaction avec AFP
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