Plaintes en hausse, victimes désemparées - Journée contre l'homophobie

Journée contre l'homophobie

Plaintes en hausse, victimes désemparées

"Je vais te buter, sale pédé", "tu ne mérites pas de vivre": les plaintes pour injures, menaces ou agressions envers les personnes LGBTI+ ont doublé en cinq ans, mais ne reflètent qu'une faible part de la réalité selon des données publiées lundi, à la veille de la journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie.

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Plaintes en hausse, victimes désemparées
Journée contre l'homophobie

Mis en ligne le 17/05/2022

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L'an dernier, 2.170 crimes et délits contre les lesbiennes, gay, bi et trans ont été enregistrés par la police et la gendarmerie, auxquels il faut ajouter 1.620 contraventions, à plus de 90% pour injure ou diffamation. C'est 12% de plus qu'en 2019 (avant la crise Covid) et 28% de plus qu'en 2020, selon les statistiques publiées lundi par le ministère de l'Intérieur. Ces chiffres ne constituent que "la partie émergée de l'iceberg", relève Flora Bolter, de l'observatoire LGBTI+ de la Fondation Jean Jaurès.

Selon l'enquête "Cadre de vie et sécurité", seules 20% des victimes portent plainte en cas d'agression ou de menaces, et 5% en cas d'injure: les personnes concernées "culpabilisent", ont peur d'être mal reçues par les forces de l'ordre ou sont confrontées à une minimisation des faits qu'elles dénoncent, analyse Lucile Jomat, la présidente de l'association SOS Homophobie.

Les lesbiennes, gays, bi, trans ou intergenres sont "de plus en plus visibles, ce qui contribue à une banalisation", mais le "revers de la visibilité" est un risque accru d'agression qui laisse les victimes souvent "traumatisées et désemparées", ajoute cette responsable. "Quand nous intervenons dans les établissements scolaires, nous rencontrons de plus en plus de jeunes très ouverts, mais aussi de personnes intolérantes: il y a une polarisation", ajoute Lucile Jomat, pour qui la lutte contre l'homophobie "suppose des moyens", pour "faire avancer la société via des campagnes de sensibilisation et d'éducation".

L'an dernier, 1.138 situations LGBTIphobes ont été signalées à l'association, sur sa ligne d'écoute, par courrier ou chat, détaille SOS Homophobie.

Voisins violents 

Dans son rapport annuel, l'association évoque des "crachats", une intensification des coups et blessures et même des viols, ainsi qu'une "recrudescence alarmante des cas en milieu scolaire (...), dans les commerces ou au sein de la police et de la justice". Fait notable cette année, plus de 15% des situations signalées concernent des personnes transgenres, ce qui, selon SOS Homophobie, démontre la nécessité de former davantage les professionnels concernés. Par exemple pour éviter que les trans se voient refuser un changement de prénom par l'administration.

Même chez elles, les personnes LGBTI ne sont pas à l'abri d'insultes et de brimades: la haine homophobe de la part de voisins a donné lieu l'an dernier à des "témoignages de détresse particulièrement poignants" recueillis par l'association FLAG!, créée par des policiers et fonctionnaires de justice LGBT. Avec la crise sanitaire, "beaucoup de gens se sont retrouvés coincés chez eux en télétravail, à huis clos avec des voisins violents, qui menacent, qui frappent", raconte Flora Bolter, qui a analysé les 1.148 signalements reçus en 2021 par FLAG!.

"Il y a des personnes désespérées, qui parlent de suicide, car elles vivent dans ce climat de haine et de harcèlement parfois depuis des années". Les témoignages recueillis par FLAG! via une appli dédiée mettent également en évidence de multiples situations de discrimination, comme cette pharmacienne qui refuse de vendre un autotest VIH car "on n'a pas ce genre de clientèle", ou ce videur de boîte de nuit expulsant un couple d'hommes au motif qu'ils s'embrassent.

"Stéréotypes et idées reçues sont encore vivaces", relève la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), dans un rapport également publié lundi. La Commission y alerte sur les "risques de maltraitance et de violences au sein des prisons" où règne une "culture de l'hyper-masculinité" et où les surveillants "contribuent parfois à la stigmatisation" des personnes homosexuelles et des femmes transgenres.

Pour y remédier, la CNCDH recommande que tout détenu transgenre "puisse choisir d'être affecté dans un établissement ou quartier correspondant à son identité de genre, que le changement d'état civil ait eu lieu ou non".

Rédaction avec AFP


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