LA SAGA VIDEOZANA - KEVIN KRATZ

KEVIN KRATZ

LA SAGA VIDEOZANA

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LA SAGA VIDEOZANA
KEVIN KRATZ

Mis en ligne le 30/11/1999

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C’est dans son grand appartement du Xe arrondissement que Kevin Kratz, fondateur et patron de Vidéozana, nous reçoit. Un appartement qui sert parfois de décors pour ses films et où Kevin fait ses castings. A ses côtés, Eric, qui a joué dans trois de ses productions avant de passer derrière la caméra. C’est d’ailleurs ce qui fait la force de Vidéozana : un couple de garçons très complémentaire qui fait tout ensemble. Kevin et Eric adorent filmer les jeunes mecs entre eux et ça se voit.

Comment as-tu débuté dans le X ?

J’ai été longtemps journaliste pour des journaux rock comme "Rock’n’folk" ou gay dont "Gai Pied" et "Illico". J’en avais un peu marre, j’avais un peu épuisé le sujet. J’avais envie de faire un truc tout seul sans être embêté par un patron. A l’époque, à part Cadinot, notre maître à tous, il n’y avait encore personne. Enfin si, quelques productions mais qui étaient tellement mauvaises que je ne pouvais pas faire pire ! N’ayant pas trop de complexes, je me suis lancé. C’était en 1993. J’avais déjà un peu d’expérience en photo et je m’étais acheté un caméscope en V8. Je me suis dit que je vais filmer des garçons parce que ça m’excitait et que ça pouvait exciter les autres.
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Quel a été ton premier film ?

"Le terrible Ivan" ! C’est désormais un collector, je l’ai retiré depuis de mon catalogue. Il y avait un seul modèle ! C’était un Yougoslave très beau, très excitant. Après, j’en ai fait deux autres qui étaient tout aussi amateurs. J’ai revendu les droits et avec l’argent, j’ai pu réaliser "Les coquins en chaleur" qui était mon premier vrai film, le premier qui a marché et qui a vraiment lancé Vidéozana.

Quelles sont tes influences ?

Il y a bien sûr Jean-Daniel Cadinot. Je sais, ce n’est pas original mais à l’époque, il n’y avait que lui. Et puis les films de Gero, une maison de production qui s’appelle aujourd’hui Vito, spécialisée dans les films de minets. C’est ça qui m’excitait. Je n’ai jamais aimé les body-buildés des productions américaines. J’avais déjà un tempérament de voyeur et d’exhib très développé. Evidemment, cela ne s’est pas arrangé ! Ce qui est incroyable, c’est qu’on pourrait penser qu’à la longue, on s’en lasse. En fait, pas vraiment.

Quelles sont les caractéristiques du modèle Vidéozana ?

Il faut qu’il nous excite. Qu’il sache se servir de son manche, qu’il puisse bander longtemps et jouir pas trop vite. Il y en a beaucoup qu’on peut trouver excitants mais qui ne feront jamais la couverture de magazines. Ce genre de beauté, ce n’est pas excitant. Le visage est primordial. Je préfère encore un mec qui a une petite queue et un peu grassouillet mais qui a un très joli visage. Je n’aime pas beaucoup les militaires, les types en uniforme.
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Comment se passe tes castings ?

On recrute essentiellement par annonces. On fait venir le modèle pour des essais vidéo. Ça, c’est la partie la plus excitante du métier ! On a quelqu’un qu’on ne connaît pas, qu’on a vu juste sur quelques photos et dont on a entendu la voix au téléphone. Il vient et on lui demande de se déshabiller et de se masturber devant la caméra sans plus de manière. S’il est timide, on essaye de le mettre à l’aise. On leur explique bien qu’ils ne sont pas obligés de coucher avec moi ou Eric pour faire un film. Ce sont deux choses différentes. La motivation principale des mecs pour tourner avec nous, c’est de se faire un plan cul, l’argent reste très secondaire. Les garçons qui ont des problèmes d’argent ou des problèmes tout court seront moins à l’aise. Il faut être bien dans sa peau pour tourner.


Comment trouves-tu ton inspiration pour tes films ?

J’ai essayé une fois de faire un scénario et de le tourner ensuite. Malheureusement, ça ne marche pas. Ça ne se passe jamais comme on le souhaite. Il faut prendre conscience que les modèles ne sont pas des comédiens. Il y en a qui sont doués, qui peuvent improviser, mais les scènes de comédie, c’est très compliqué. Beaucoup plus que les scènes X ! Il n’y a pas de message particulier dans mes films mais je n’ai jamais voulu faire de films spécialisés, avec que des blacks ou que des beurs. Je suis pour le mélange. Mes films, c’est avant tout la célébration de la jouissance. Je veux faire plaisir à ceux qui jouent dans mes films et à ceux qui les regardent.
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Comment se déroulent les tournages ?

On fait tout pour que les modèles puissent se choisir entre eux. Mais je ne veux pas rentrer dans les détails. Secret de fabrication ! Je suis assez ouvert, je n’impose rien. Parfois, les actifs peuvent être un peu passifs, des passifs se révèlent actifs en cours de route. Peu importe, pour nous le plus important, c’est qu’ils fassent quelque chose, que ce soit bien et qu’ils aient envie de le faire. On est parfois obligés de les freiner. Sur le dernier tournage, on était obligés de faire les flics, de leur demander d’arrêter de baiser. Pendant qu’on tournait une scène, il y en avait d’autres qui se pelotaient entre eux hors caméra. Or, quand c’est à eux de tourner, ils sont un peu fatigués et moins excités. On a beau leur expliquer, ils ont du mal à comprendre !

Le meilleur souvenir de tournage ?

Sans hésitation, c’était à la fin du tournage de "Visions extralubriques 1 ". On avait tout fini, on commençait à ranger. Les modèles s’étaient réunis dans une pièce. Nous, on est allés voir ce qui se passait. Et ça s’est fini en orgie... C’était inattendu parce que les mecs avaient baisé toute la journée et nous, on était lessivés. Tout le monde était très content !

Des histoires se créent entre acteurs ?

Ça arrive. On les voit s’échanger leurs téléphones. Malheureusement, ce n’est pas toujours réciproque. C’est un peu perturbant pour eux : un mec qui tourne avec un autre, il baise avec et en tombe amoureux mais l’autre, il a baisé parce que c’était son rôle. Souvent, ce sont des mecs de province qui tombent amoureux des Parisiens mais ces derniers s’en foutent un peu. On a souvent des modèles qui viennent de petits bleds où il n’y a rien pour les homos, c’est aussi pour ça qu’ils tournent, pour avoir des histoires. On a même tourné avec des puceaux. Par exemple, pour "Big shop", il y avait un petit puceau qui ne connaissait pas du tout le sexe entre hommes. Sa première expérience, il l’a eue devant la caméra.

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