Au-delà de la loi, l'Eglise attendue au tournant - Thérapies de conversion

Thérapies de conversion

Au-delà de la loi, l'Eglise attendue au tournant

"La loi ne suffit pas" : alors que l'Assemblée nationale s'apprête à examiner une proposition de loi pour interdire les "thérapies de conversion", des associations de victimes demandent à l'Eglise catholique d'agir contre ces pratiques.

E-llico.com / Actus

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Mis en ligne le 03/10/2021

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Très répandues aux Etats-Unis, ces "thérapies" sont également pratiquées en France, plus discrètement, par des "guérisseurs" ou des groupes à l'oeuvre dans certains diocèses. Leur but : imposer l'hétérosexualité aux lesbiennes, gays, bi et trans par un ensemble de méthodes allant des prières aux séances d'exorcisme. Des pratiques auxquelles la proposition de loi portée par par les députés LREM Laurence Vanceunebrock et Bastien Lachaud (LFI) entend mettre un terme.

En plus de ne reposer sur "aucun fondement scientifique", ces pratiques "ont des effets dramatiques et durables sur la santé physique et mentale des personnes qui les subissent : dépression, isolement, suicide", écrit son texte. Si elle était adoptée, la loi viendrait renforcer l'arsenal législatif, souhait des associations de victimes depuis des années. "Ça ne suffit pas", prévient toutefois Benoît Berthe-Siward, le porte-parole du collectif de victimes, "il faut aussi que les institutions religieuses et médicales s'expriment sur le sujet".

Malgré la médiatisation du phénomène et les témoignages de victimes, Cyrille de Compiègne, porte-parole de l'association de chrétiens LGBT David & Jonathan, "n'a pas le sentiment qu'il y ait eu une réelle prise en compte de ces pratiques par l'Eglise catholique, et du danger qu'elles représentent pour les victimes". En 2019, après la diffusion du documentaire "Homothérapies: conversion forcée", pour lequel deux journalistes ont infiltré le mouvement Courage (catholique), M. Berthe-Siward attendait que la Conférence des évêques de France (CEF) écrive "un communiqué pour que l'Eglise catholique se détache de ces dérives". Une note interne rappelant que "l'Eglise n'a jamais cautionné ces thérapies" a bien été écrite et diffusée par la CEF, mais elle n'a été rendue publique qu'un an plus tard, devant l'insistance du collectif Rien à guérir.

"Réaction pas très claire"

"Les choses vont rester un peu moins confidentielles" dorénavant, promet Mgr Bruno Feillet, président du Conseil famille et société à la CEF. Il assure que l'institution "condamne" ces pratiques qui "laissent entendre qu'on peut guérir de l'homosexualité" alors que "ce n'est pas une maladie". Sa parole tranche avec la "réaction pas très claire" des institutions catholiques et des responsables religieux pendant des années, que regrettait M. de Compiègne. Outre "la reconnaissance officielle d'abus qui ont pu se passer au sein de l'Eglise catholique et de dérives", M. Berthe-Siward souhaite de la CEF une "liste d'engagements pris pour les combattre".

Plus que des mots, les associations de victimes exigent désormais des actes. "Il y a un aspect communication, mais derrière, avoir un cadre de signalement (pour les victimes, NDLR), de veille et d'encadrement des pratiques est important", souligne M. de Compiègne. Jusqu'à interdire certains mouvements ? "Courage se réclame de l'Eglise catholique mais n'a pas demandé la caution officielle de la Conférence des évêques", argue Mgr Feillet. "On peut les convoquer et leur demander ce qu'ils font" mais ils "ont nié faire des thérapies de conversion". Mgr Feillet compte avant tout "renvoyer la note écrite en 2019, qui dit bien le contexte et la position de l'Eglise catholique, de telle sorte que tous les évêques aient des éléments de discernement".

Insuffisant, tranche d'ores et déjà Jean-Michel Dunand, victime de huit séances d'exorcisme dans sa jeunesse, au sein d'une communauté de la mouvance du Renouveau charismatique. "L'Eglise ne prend pas le problème au sérieux parce que les thérapies de conversion ne sont que la face visible de l'iceberg : il y a une lecture fondamentaliste de la Bible, un discours culpabilisant pour les personnes homosexuelles, trans... Un obscurantisme". "Il va falloir faire un travail de fond, revisiter certains articles du catéchisme", prévient-il.

Rédaction avec AFP


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